vendredi 27 août 2010

Take it, hold it, love it

J'ai déjà mentionné l'ami Brian. Je crois que c'est le premier Américain que je rencontre. Que l'on s'entende bien, techniquement je connais déjà plein d'Américains et d'Américaines. Mais bon, ils vont au boulot en bus ou en vélo, conduisent des voitures de moins de 6m de long, trouvent qu'Obama est trop à droite, étaient contre la guerre en Irak (qu'ils savent placer sur une carte), trient leurs déchets et ne mettent la clim qu'en cas d'extrême nécessité. Et puis ils sont contre la possession d'armes à feu, ou alors pour la réguler vachement plus que maintenant.

Brian suivrait presque ce modèle... si seulement il n'était pas fan des armes à feu. J'ai donc profité d'une soirée bières pour faire mon éducation sur les armes à feu. Eh oui, les jeux vidéos ça suffit pas à tout comprendre dans ce domaine. Il faut un peu pratiquer.

J'ai donc eu droit à une présentation en règle de tous ses fusils. Il a commencé avec un Mauser 98K 1942, qui est toujours sous son lit. Eh oui, au cas où quelqu'un vient le voler ou l'assassiner. Je vous l'ai dit : il est Américain. Le genre de fusil qu'est le Mauser 1942 est encore un truc que j'arrive à envisager comme arme "personnelle": il n'y a guère que 5 balles, et bon ça peut passer pour une arme de chasse. C'est un fusil de guerre en fait, et ça perce a peu près n'importe quel gilet civil, et bien sûr toutes les petites têtes des enfants qui se trouverait alors dans le feu croisé mais bon...

Das Mauser 98K
On dirait un jouet. Et bah c'est qu'une impression.

Alors bien sûr, règle n°1, la sécurité. Ne jamais manipuler une arme chargée. Sauf pour faire sauter le caisson du voisin bourré qui se trompe de maison, mais ça c'est autre chose... Donc il a vidé les balles du fusil, en me montrant comment faire : c'est marrant c'est comme dans les jeux vidéos, tu recules en tournant la culasse et hop ça saute. Hum... Bref. Et il m'a dit que, bien sûr, il faut aussi que je vérifie moi-même toutes les armes qu'il me donne. Et comme je ne sais pas manipuler une arme, il n'est pas question que j'en touche une qui soit chargée. Déjà, ça j'en étais convaincu, mais c'est bien on était deux sur le coup ! C'est vrai qu'un fusil c'est quand même super lourd. Ne serait-ce qu'à m'imaginer crapahuter dans la boue, la neige, en portant ce machin à bout de bras, j'étais exténué. Donc j'ai appris à le porter correctement, à viser, à enclencher la sécurité ou non, à armer, à tirer, à éjecter la douille, mais toujours sans vraie balle. Bref, c'est bon, maintenant je peux tuer un ami qui veut me faire une surprise.

On est censé se sentir puissant avec une arme dans les mains, "dit-on". Pour ma part, je me trouvais essentiellement très mal à l'aise : j'avais peur du machin que je tenais dans les mains, même si j'étais sûr à 99,99999% qu'il n'y avait aucun danger. Donc moi quand je faisais mes exercices, je visais quand même son lit histoire d'amortir au cas où une balle se serait "quantiquement" glissée dans la chambre. Sur ce, règle n°2 de Brian : toujours respecter le bestiau, toujours imaginer qu'il est chargé. Je dois reconnaitre que Brian place la sécurité avant toute chose... enfin quand même après le fait de posséder 4 ou 5 flingues différents chez soi.

Ensuite j'ai vu ses 3 autres fusils, je sais plus lesquels c'était. Mais c'était pas les même balles, et puis certaines étaient à pointes creuses, d'autres anti-blindage, je m'attendais presque à voir la boite à grenades d'une minute à l'autre. Pense-t-il sérieusement qu'il va peut-être subir l'assaut d'une infanterie mécanisée blindée au point qu'il lui soit utile de prendre ce genre de munition ? Non, mais cela correspond à une peur primaire américaine : bon, on a tous nos dissonances cognitives hein...

Et puis, on a arrêté les fusils, on est passé au shotgun. Alors, j'avoue, ça c'est marrant. Bon, il y a toujours cette sensation bizarre qu'on touche quelque chose d'interdit (certes pas ici) et de vraiment très dangereux. Mais le sourire débile qu'on affiche, quand on entend le "shrik-shrik" en armant, compense de loin. Bien sûr moi j'armais avec la main gauche, en tenant la crosse avec la droite : ça c'est le mode classique,"by-the-book" [trad : comme dans le manuel], car tu peux toujours essayer le mode Terminator 1, en secouant de haut en bas une fois en le tenant par la garde (le truc qui bouge). Et y'a le mode expert, donc Terminator 2, ou tu laisses légèrement tomber ou au contraire tu l'envoies vers le haut, et puis tu fais tourner à la verticale en tenant toujours par la crosse. Tout dépend de la façon dont le mécanisme fonctionne (vers soi ou le contraire).

Souvenirs, souvenirs... de l'époque ou j'étais anti-terroriste du GIGN ou terroriste colombien.
J'adorais le shotgun (dit couramment "le 2-1").


Dans une semaine, on devrait aller au stand de tir. Fred insiste pour que j'aille tirer sur des cibles. C'est peut-être l'unique occasion que j'aurai dans ma vie de tirer avec des armes à feu donc autant en faire l'expérience. Et puis ce sera toujours une bonne préparation pour l'éventuelle invasion de zombies post-2012 !

To be continued, then.
[trad : à suivre]

mardi 24 août 2010

La phrase mythique

Déjà excusez-moi pour le goutte à goutte de ces billets ces temps-ci, mais entre les CV, le boulot, la rentrée et les disons "à-côtés" y'a pas des masses de temps. Mais contons donc à présent une nouvelle épopée du sieur Godet au Nouveau-Monde. Cette épopée s'intitule la quête de la phrase mythique. Attention je vois un peu trop de Kaamelott en ce moment, ça déteint peut-être un poil sur le billet...

Tout commence avec une bière. Pas dégueue, typique du Colorado, une jolie brune sans mousse -- comme toutes les bières ici, à se demander s'ils ont jamais pensé à mettre des bulles ailleurs que dans du Coca -- avec un petit goût de caramel sympathique... Le genre de bière qu'on en boit pas qu'une, sinon on est triste. La bière n'est pas tellement le sujet de cette quête, mais c'est elle qui va faire basculer une simple opération piscine-soleil-bières en aventure extraordinaire. Il me fallait l'introduire.

Piscine-soleil-bières, c'était donc le plan de dimanche après-midi. En effet, le seigneur Mac, dit "Le Chevalier à la Casquette" est venu me chercher sur son fringant destrier -- c'est à dire dans une chevrolet genre 406 -- pour qu'on aille gentiment se miner le tronc chez seigneur Fred, dit "Le Chevalier Brésilien". En effet, Fred le Brésilien, possède un magnifique château au sud de Boulder, dans le plus pur style américain : doit y'avoir 500 baraques dans ce machin et elles sont toutes RIGOUREUSEMENT identiques : dans le genre gestion de process et réduction des coûts, les mecs on voit qu'ils ont bossé leurs cours ! M'enfin si t'es bourré, bonjour le drame. Besoin de faire 500 baraques avant de pouvoir pioncer... Surtout que si t'as un appart qu'est au premier étage de ces maisons, tu peux facilement te gravir tes 1500m dans la soirée ! En même temps, boire de l'alcool c'est mal ! Donc bon... Et puis comme c'est au milieu de rien tu rentres forcément en bagnole -- enfin à moins de vouloir en plus te la jouer survivor sur 25 miles -- c'est une sorte de mesure anti-alcoolisme à l'américaine.

Mais du coup, comme y'a rien autour, y'a de la place dedans ! Et donc les promoteurs, ils t'ont construit une piscine bien sympatoche au milieu de ces "condominiums" (marrant qu'ils aient gardé l'appellation latine ces Américains quand même ! Et dommage qu'ils aient zappé la déclinaison, d'habitude ils les respectent).

Des condos typiques du Colorado.
C'est joli, mais sans voiture, heureusement qu'y pas de poutres apparentes !

Le plan initialement c'était barbecue-piscine-soleil-bières. Le barbecue a vite été torché. Littéralement vu que les tuyaux d'alimentation de gaz étaient mal vissées et que ça fuyait le butane à plein régime. Donc bon, nous, pas dingues, on a juste cuit un ou deux bœufs et cinq cochons -- histoire d'avoir un apéro décent -- et puis on a appelé un responsable pour qu'il s'occupe de mourir à notre place en tripotant le machin. Après, on est allé à la piscine et on l'a joué Perceval et Caradoc, dans l'eau jusqu'au torse. Nous étions bien d'ailleurs plus nombreux que ces deux compères ! Parce qu'outre le seigneur Mac et le seigneur Fred, y'avait le seigneur Boris dit "Le Chevalier au Yaourt"*, le chevalier Brian dit ... gardons ça pour plus tard et enfin la dame Grace, damoiselle du Chevalier à la Casquette.

Depuis que je connais ces larrons, j'attends avec impatience de pouvoir exécuter un plan machiavélique et libérateur. Nous sommes alors chez Fred. Comme nous finissons nos bières, Brian s'éclipse, pour en chercher d'autres au frigo... D'un trait je m'approche de Fred, et lui pose la question... Mais non je l'ai pas demandé en mariage ! Enfin bon Fred répond par une syntaxe inappropriée, ça n'a pas marché. Un autre espoir ? Mac va encore me répondre avec 4 mots d'argot**, ça marchera pas, et Grace est introuvable. Mais il reste Boris, qui a bien vu où Brian s'éclipsait. Et je peux alors m'exclamer de nouveau :
- Boris, where is Brian ?
Et là, littéralement, le Graal, sans aucune déformation :
- Hm, Brian is in the kitchen.

BAM !!! Nailed it ! Ahah who's your daddy ?!

You did it man !

Il m'a fallu toute ma contenance pour ne pas hurler de joie et mettre un terme à ma vie sociale boulderate. Déjà que j'avais posé la question de façon extatique... J'ai donc simplement profité de l'occasion pour finir la bière, faire un petit clin d'œil à la caméra, saluer le retour de Brian, désormais dit le "Chevalier dans La Cuisine", et faire marcher à nouveau le décapsuleur.



* il est bulgare... ... ... désolé...
** la dernière expression américaine en date qu'il m'a apprise : "I'm out like a boner in sweatpants". Ça veut juste dire qu'on sort, avec enthousiasme ou énergie, bref on sort et on le montre. Pour vous figurer l'image (warning, c'est pas fin)... des sweatpants, c'est un pantalon de jogging. Un boner, c'est une érection. Ouais... quand il l'a dite j'étais écroulé !

dimanche 15 août 2010

Et ça repart !

"Et bien me voilà !"

Retour d'un road-trip de vacances qui se voulait reposant et qui se révéla éreintant. Ces dix jours ont été de forts moments d'émotions. A l'assaut du sud-ouest américain, on réalise vraiment combien les Etats-Unis sont un pays définitivement "exotique".

Notre petit trip de 10j (l'itinéraire est ici)

Entre la démesure de la nature et celle de l'être humain -- la seconde probablement façonnée par la première -- il est difficile de résumer ces expériences sur un blog. Ou plutôt, je ne sais pas le faire. Je ne développerai donc pas longtemps paragraphes sur paragraphes à conter les paysages. Je me contenterai de laisser quelques photos, dont je placerai le lien ici, dès que je les aurais "picasées". Et encore... les photos ont -- pour l'instant encore -- le défaut d'être en 2D, et le Grand Canyon y parait une sorte de petite fa-faille tout mignonne gentiment dessinée sur le plateau du Colorado. On n'arrive pas à voir les 20 kilomètres qui nous séparent de l'autre rive, ni les 2 km de dénivelé jusqu'au fleuve. Ni les 75km de distance de terre qui nous séparent des collines que l'on devinent au loin, et qui ne s'impriment pas sur l'argentique numérique de nos appareils photos, incomparable à nos yeux.

Mais pour vous dire ce que l'on ressent devant les paysages américains... Généralement, chaque fois que l'on passe une colline on balance une exclamation ou un juron. "La vache !", "Tudiou" ou "Sa mère" pour les plus polis d'entre eux. Et finalement, l'impression se résume souvent par "Devant, ça a l'air loin". Et ça l'est. Pourtant la rotondité de la Terre est la même partout*, et nous aussi on a des montagnes. A Toulouse, on les voit bien les Pyrénées, alors ? Je ne sais pas... Ça n'a rien à voir, c'est tout. Peut-être le fait que ces paysages soit nus, dépourvus de toute construction humaine -- à part bien sûr ces énormes poteaux électriques qui n'auraient pas fait long feu eût-on disposé d'une hache sous la main. Mais bon, poteaux ou pas, cela en met plein les yeux.

Ou plutôt "Ce n'est pas tant que ça t'en mette plein les yeux, c'est que ça t'en met plein l'âme".


Photographie de 1909 retrouvée par hasard au Grand Canyon
La première promotion de Supaéro s'était alors invitée au Colorado


* le premier qui me sort que ce n'est qu'une approximation, il prend une baffe.