jeudi 30 septembre 2010

French Touch

Beaucoup m'interpellent ces temps-ci. Apparemment vous lisiez ce blog avec attention ! Et cela fait chaud au coeur quand vous me demandez de continuer à écrire. Je vous remercie pour cela. Mais maintenant, je vais vous expliquer le pourquoi de ce silence.

funny pictures of cats with captions
Unrelated Picture

Non, cette image n'a effectivement rien à voir avec ce billet. Mais je la trouvais marrante.

Eh bien la raison du silence c'est tout simplement parce que, à Boulder, "français" ça se dit "awesome" [génial]. En effet, à chaque fois que je me présente, et que je dis donc "I'm french" à un moment où à un autre, ils/elles s'exclament "Wow, awesome!". Comme quoi on apprends des mots tous les jours ! Les autres Européens ne sont pas en reste, notamment les Espagnols et les Italiens, mais ils n'ont pas pour autant le droit à "awesome".

Vous savez que j'ai une certaine tendance à exagérer. C'est vrai : parfois ce n'est pas "awesome !", c'est "soooooooo cool !". Et il faut dire que la gente féminine a tendance à se montrer très girly en présence d'un français. J'ai eu droit récemment ah "No, for real ?! Oh you're kidding me ! FOR REAL ?!" [Non, pour de vrai ? Tu déconnes là ! POUR DE VRAI ?!]. Faut dire qu'une américaine déjà girly et en plus bourrée, c'est impressionnant à voir.

Mais mettez-vous dans la situation suivante... vous arrivez à une fête, où vous connaissez personne ou presque. On vous demande de vous présenter, et après 5 minutes, y'a une grappe de gens autour de vous à vous dire "that's awesome !" en boucle quand vous parlez de Paris et Toulouse (l'alcool aide beaucoup pour le côté "en boucle", je dois le reconnaitre). Et si tu te mets à leur sortir une liste de courses en français, ils sont époustouflés. Comme si tu leur avais lu du Baudelaire. Illustration de la situation :

- Hi buddy... what's the name and where are you from ?
 

- Hi, I'm Simon. I'm French.
:)

Bon certes, l'image n'est pas réaliste. En effet, ils sont bien plus démonstratifs que ça. Ainsi, je comprends le français moyen qui arrivant ici croit avoir trouver le paradis puisque tout le monde le trouve génial alors qu'il a à peine dit deux phrases. Et ça fait que du coup, les Français ici sont invités à beaucoup de soirées. En fait il est rare que nous n'ayons pas plusieurs fêtes en même temps les vendredis et samedis soir. Mais c'est aussi parce que la vie universitaire américaine est beaucoup plus animée qu'en France.. alors même pourtant qu'ils sortent très peu de chez eux sinon ! Un samedi soir, dans le centre de Boulder c'est en effet mort de chez mort. Cela fait partie de ces petits traits caractéristiques assez difficiles à comprendre de la société américaine, qu'en tant que français on peut penser comme étant contradictoires... voire hypocrites. Mais qui en fait est profondément logique et très naturel pour eux. On aura l'occasion d'en reparler.

Entre Frenchies, on est pétés de rire devant cette réputation que possède la France, on la joue "hard-to-get" à mort, et on s'étonne toujours de cette aimantation qu'exerce la langue française sur les Boulderates. Certes, les américains pensent, de façon assez générale apparemment, que la langue française est géniale. Je ne sais pas trop pourquoi, mais bon, ils adorent. Mais en plus, le Boulderate, avec son côté gaucho et écolo, il voit la France comme le pays du bonheur. Pas de frais d'université (enfin epsilon), pas de frais médicaux (ou presque), une énergie relativement propre. Ils adorent. Quand tu leur dis qu'on paye des impôts -- nous -- ils sont moins jouasses... mais disent qu'ils seraient prêt à les payer pour avoir de tels avantages !

Les Boulderates, ils aiment bien ce côté french dressing d'Obama ((c) Maksim-ThePeoplesCube)
[Un goût qui fait tellement socialisme à l'européenne que vous jureriez vivre à Paris]
[French Dressing = "Accompagnement/Sauce Français(e)" = vinaigrette]


Toujours est-il que, comme c'était mort cet été, j'ai du me faire plein de contacts différents dans Boulder pour conserver un semblant de vie sociale. Maintenant que l'université accueille de nouveaux ses 20 000 étudiants, tous ces contacts s'organisent des soirées bières, des fêtes, etc. Et ça prend beaucoup de temps. Donc ne vous inquiétez pas, je continue à écrire sur ce blog, mais je ne pourrai pas conserver le rythme d'antan.

M'enfin promis vous aurez un autre billet avant la fin de semaine. ;)

lundi 6 septembre 2010

De Americana Urbanitate 1

(trad : du savoir-vivre américain)

Dans cette série de billets, nous allons traiter de l'urbanité américaine, parce que ça aussi c'est un choc culturel. En effet, la plupart du temps les Américains sont des gens très polis et respectueux... et des fois, on a envie de les étrangler dans leur rustrerie. Et attention, je ne parle pas de mélanger les bières ou les vins, de ne pas comprendre qu'un babybel, c'est ptetre bon mais c'est pas du fromage, non. Je parle d'impolitesse brute et violente qui te donne envie, après qu'on te l'ai fait quelque fois de sortir le fusil 1942 de Brian.


Chapitre 1 : Bonjour

Oui, on commence par là. "Dis bonjour au monsieur, dis bonjour à la dame". En France, normalement quand on rencontre quelqu'un on lui dit bonjour. Si c'est quelqu'un de notre âge ou plus jeune, on peut se permettre un salut. Si on veut mettre plus de formes, on peut également dire "Bonjour Monsieur/Madame/Mademoiselle". Si on n'a aucune éducation mais qu'on veut draguer on dit quand même "Hey Mademoiselle" avant de dire "file ton 06". Bref, tout un chacun a connaissance de la notion élémentaire du salut avant d'engager une conversation.



Ici, ce n'est pas le cas.

"Hi" s'emploie bien évidemment très souvent, mais ne pas le dire se fait également. Ce n'est pas grave, car c'est alors remplacé par "What's up ?" ou affilié. Et d'ailleurs quand on se voit entre amis en France, on peut avoir également tendance à entamer tout de suite par un "Ça va ?". Mais bon, on le fait entre amis, ou alors dans des contextes sociaux particuliers genre soirée, ou de toute façon "bonjour" est dit par le demi-gramme d'alcool que nous partageons. Il ne me viendrait pas à l'idée de dire à une caissière de supermarché comme phrase d'ouverture "Ça boume ?". Mais après tout, ça c'est juste parce que les américains considèrent n'importe qui comme leur meilleur pote. C'est agaçant quand on est pas habitué, mais bon on s'y fait très bien.

Le problème c'est qu'ils ont aussi l'habitude de ne carrément rien dire. Dernier exemple en date... vendredi on toque à la porte de notre open-space. Je vais ouvrir, armé d'un sourire colgate. Un gars se tient devant moi et il me balance "Is Dave here ?". Mon sourire de vendeur de voiture s'estompe et je réponds "Hi !" de façon volontairement appuyée et avec un beau "h" aspiré. En Sarkozie -- pardon en France -- il n'y a qu'une seule réponse dans ce cas : "Pardon, bonjour, oui excusez-moi, désolé." Et attendre que l'autre esquisse un sourire indulgent et réponde à la question. Allez, on l'a tous fait au moins une fois, surtout quand on est pressé. Bon, là j'ai eu le droit à un deuxième "Is Dave here ?". Donc du coup, j'ai dit "No" alors qu'en fait il était là, et qu'il avait juste ses écouteurs sur les oreilles. Une sorte d'acte de vengeance, petit et gratuit mais jouissif.

Ce mec est-il un gros rustre ? Probablement. Mais il n'est pas impossible que personne ne le lui ait jamais dit ! Parce qu'ici tout le monde s'en fout royalement. Dire bonjour n'est pas important. Être poli n'est nécessaire qu'en conditions très formelles. Ainsi, dans l'open space, des gens peuvent rentrer et s'installer sans dire le moindre mot aux gens qui sont dans le bureau. Sauf les potes ! Qui viennent dire bonjour ! Mais les autres, ils font leurs autistes. Imaginez donc un mec qui rentre dans un open space, passe devant tous les autres sans rien dire, se pose à son PC et y reste jusqu'à midi avant de se barrer. Oui un autiste. Ou un gros rustre.

Bon c'est sûr que si on était dans ce cas, je lui jetterais pas la pierre au pauvre garçon !
Mais on n'est guère que 7 dans le bureau...

Maintenant, je conçois que l'habitude française, qui consiste à arriver au boulot à 9h pour prendre son café pendant 30min avec les collègues, puisse paraitre un brin excessive. Souvent les gens prétextent que du coup on bosse pas : c'est vrai. Enfin, en même temps, ici à l'université ils font du 9h-16h tous les jours donc bon... Et puis ne serait-ce que faire un salut de la main en disant "Hey" à 6 personnes dans la journée, c'est quand même pas la mort !!!

Bien sûr la même chose se passe pour "Au revoir". Ton voisin soudain se lève, zip son sac, et se barre. Non il revient pas, il s'est barré, c'est tout. Pour peu que tu aies eu tes écouteurs sur la tête, tu te rends soudain compte que tout le monde s'est barré depuis 2h : en effet, on est vendredi et il est 15h...