dimanche 27 février 2011

Tastes like chicken

[trad: On dirait du poulet]

La vie d'un thésard est très difficile parfois. En effet, on nous sous-paye et, afin de nous dégoûter encore plus de notre salaire, on nous montre occasionnellement ce que c'est d'être pété de thune... C'est encore pire que quand on revient chez Papa et Maman de temps à autre, moment qui est déjà l'occasion pour monter d'un cran (ou deux) de niveau de vie. Par exemple, Papa et Maman achètent de la sole et des noix de Saint-Jacques quand tu achètes du pangasius (le moins cher à carrouf et c'est franchement pas mauvais !). Papa et Maman achètent des vins de table à 10 euros chez Nicolas, quand toi t'y vas que pour les grandes occazs... Et c'est d'ailleurs bien l'unique raison pour laquelle on leur téléphone encore, parce que hein...

Cet ignoble traitement -- humiliant au possible -- que nous impose notre directeur de thèse, c'est d'aller en conférence. La Nouvelle-Orleans fut ma première, un baptême de speaker donc mais aussi un baptême de grenouillage intensif, et surtout un baptême des spécialités culinaires du sud américain.

Wassup dawg?
(image from wikimedia, under GPL, author: Bignoter)

Comme c'est tout frais payés, nature humaine oblige, on se met à ne plus tolérer l'hôtel s'il n'arbore pas au moins 4 étoiles, et chaque repas doit s'accompagner au moins de son trio jazz ou d'un récital de piano classique. Sans compter l'avion, ce seront près de 1000$ (c'est à dire à peu près 2€, interdit de se moquer des monnaies faibles !) qui me seront remboursés pour 4 jours de conférence et que des tarifs de groupe. Disons qu'il y a du niveau. Mais du coup, quand on rentre à la maison, et qu'on se fait des pâtes au beurre, on déprime forcément un peu...

En quoi consiste une conférence ? En gros...
- petit-déjeuner super fat avec des gens, (tu sais pas qui c'est, limite tu t'en fous un peu, il est que 7h...)
- aller voir d'autres gens causer de choses qui t'intéressent,
- bouffer entre deux présentations parce que quand même ils ont l'air bon les ptits fours du lobby,
- en profiter pour grenouiller,
- aller voir quelqu'un qui parle de quelque chose ne t'intéresse absolument pas mais bon t'es quand même pas venu ici pour glander et si tu restes dans le lobby tu sais que tu vas finir par bouffer tous les petits fours,
- stresser pour ta présentation à toi si t'es pas encore passé,
- déjeuner avec des gens, et se gaver malgré les petits fours,
- en profiter pour grenouiller,
- aller à d'autres présentations,
- bouffer entre deux présentations parce qu'ils ont changé c'est plus des petits fours maintenant c'est des beignets et ça sent trop bon,
- en profiter pour grenouiller,
- continuer à stresser pour ta présentation si t'es toujours pas passé,
- sortir dîner avec d'autres gens, et se gaver parce que hein t'en avais pas mangé tant que ça des beignets
- en profiter pour grenouiller,
- aller à un open bar spécial conférence, où en plus c'est open poulet frit et même si t'as déjà mangé, ça a pas l'air mauvais,
- en profiter pour grenouiller,
- finir ses slides pour la présentation si t'es pas encore passé aujourd'hui,
- tenter de dormir malgré toute cette bouffe,
- itérer jusqu'à la fin de la conférence.

Après il faut dire que c'était une conférence à la Nouvelle-Orleans, ville qui aura droit à son propre billet, mais disons le ici déjà : c'est une ville particulièrement hédoniste -- et ce dans l'interprétation américaine -- et (=donc) portée sur la friture. En effet, dans le sud des Etats-Unis, tout se frit. Quand je dis tout, c'est vraiment TOUT. Le poulet, le poisson, la patate, l'oignon bien sur, mais également les pâtes, l'huître, la glace, et même du beurre*. Rien qu'en reparler là, je me sens pas très bien...

[trad: Beurre frit
Un peu de beurre congelé, entouré d'une pâte riche, frite par immersion dans un bain d'huile, saupoudrée de sucre et de canelle, et recouverte de chantilly. Et accompagnée de chips sucrées à la cannelle.
Si seulement, j'avais la force de bouger mon gros cul pour aller en chercher...]

Et notamment, j'ai pu, à une certaine occasion, goûter une viande particulièrement singulière, j'ai nommé l'alligator. J'ai même eu droit à un Gator-boy, c'est à dire un burger d'alligator. Était-il nécessaire de préciser qu'il fut frit ? Et à la première bouchée -- enfin passé le chuintement huileux du gras broyé entre les dents -- ce fut la révélation, l'épiphanie, l'apocalypse** : je comprenais enfin ce cliché américain du "tastes like chicken". En effet, l'alligator, ça a un gout de poulet. Mais vraiment ! C'est pas à peu près du poulet, c'est VRAIMENT du poulet. Bon quand on regarde la viande, on se dit que le poulet devait être sacrément malade, mais dans la bouche c'est kif-kif.

Et les américains ont en effet ce cliché que chaque viande qui sort un peu de l'ordinaire a un goût de poulet. Et cela leur vient simplement du fait que la viande de tortue, l'alligator, et pleins d'autres reptiles, qui sont très couramment servies dans le sud des Etats-Unis (c'est à dire de la Louisiane à la Floride), ont effectivement un goût de poulet.

Bien sûr on pensera à la référence Stargate, dans laquelle le Dr. Jackson goûte un met étrange sur une lointaine planète et... tastes like chicken. Mais, par un renversement sémantique intéressant, l'expression est devenue aujourd'hui une façon humoristique de dire que ce qu'on mange est étrange ou même pas très bon. Par exemple ici, dans un épisode de la série Stargate SG1, le Dr Jackson utilise cette expression pour faire de l'humour sur la qualité médiocre de la nourriture qu'il ingère, sachant que le spectateur averti rira surtout pour l'auto-référence qu'il fait ainsi à son personnage dans le film Stargate.

[trad: - On dirait du poulet - Et alors ? - C'est censé être des macaronis au fromage...]


Sinon, les huîtres frites... c'est peut-être un sacrilège mais c'est pas dégueu non plus...


* Oui c'est possible. Il suffit de refroidir la glace ou le beurre a des températures très basses. Cette vidéo vous montre comment faire de la glace frite: ils ne précisent pas la température du congélo, mais de ce qu'on m'a dit il faut vraiment pousser le congélo à fond.
** Dans son sens étymologique...

mercredi 23 février 2011

De l'Obsolescence Programmée

Il y a des jours comme ça...

Je vais encore une fois faire sortir ce blog de ses gonds et l'écarter de sa mission d'origine pour bassement verser dans le pamphlet. Je ne saurais le faire comme M. Victor Hugo, mais ça me permettra du moins de faire fuser -- fuir -- ici ma rage.

Go get them tiger!
[Tu vas te les faire!]

Ma journée a commencé par une injure à mon ordinateur. En fait non, elle avait commencé quelques minutes plus tôt avec mon radio-réveil réglé sur radio-yeeehaaah et sur une country endiablée mené par un violoniste fou et un banjoïste sous cocaïne -- le truc qui réveille ET et te fait fuir de la source du son donc de la chambre -- mais cela n'est pas important. La journée commença vraiment quand, encore imprégné du désagréable réveil sadomasochiste, j'allumai mon ordinateur. Ou plutôt devrais-je dire j'allumais mon ordinateur. En effet, on nous enseigne au collège que passé simple ne sied qu'à des évènements ponctuels et/ou achevés. Mais aujourd'hui mon ordinateur a décidé de mettre 15... minutes pour m'afficher ma page de login... puis 10 autres minutes pour booter la session. Il est 18h41, le PC est encore en train de vérifier s'il a un disque dur, donc rigoureusement, je dirai qu'il n'a pas encore fini de démarrer. Donc utilisons l'imparfait.

J'allumais mon ordinateur, qui pédalait déjà depuis 10 minutes, soit le temps de faire passer le café. J'échappai un "Mais qu'est que tu fais chier...". Là encore, je devrais utiliser l'imparfait -- l'action est certes ponctuelle mais répétée dans le temps, imparfait de répétition donc. J'échappais cela pendant les cinq minutes qui suivirent, alternant donc des injures vaines avec des injonctions tout aussi inutiles que viscérales. J'ai compris à l'affichage du login qu'il y avait un problème: mon mot de passe indiquait en effet

'******************************************************************' 
(pour ceux qui ne le connaissent pas :p c'est un brin trop long...)

et puis le doux son du chariot en butée c'est à dire quand on atteint la longueur maximum admissible du password (doumdoumdoumdoumdoumdoum de la banque de son système par défaut de windows) résonnait comme une réponse à ma tirade d'insultes. J'aime bien Aphex Twin et pourtant cette douce mélopée m'énervait tout aussi doucement. J'éteins donc les enceintes -- ça c'est bien avec un PC, tu peux toujours lui fermer la gueule "the hard way" -- néanmoins l'idée que le son soit toujours émis en fond m'énerve quand même. Je me maîtrise et cherche rationnellement la source du problème: une touche du clavier doit être enfoncée. Et pourtant non, pas de tasse de café, de cuillère, de livre de Dynamique d'Attitude des Vaisseaux Spatiaux qui traîne, le clavier est net.

Je prends le PC, le retourne, le secoue, contemple comme à chaque fois, la chute d'un incroyable microcosme dont c'était devenu l'univers observable, je repose. Je rallume les enceintes: 

doumdoumdoumdoumDOUMDOUMDOUMDOUMDOUMDOUMDOUMdoumdoumdoumdoum

"Oh putain, tu vas pas me les briser longtemps." Le pire, c'est qu'il est impossible de savoir quelle touche buggue puisque le mot de passe est caché! Vite fait, je reboote et passe en mode DOS, et là je m'aperçois que c'est le "L" qui pose problème. Hop là, la touche est arrachée -- avec violence bien sûr ainsi qu'un "ahah you are so fucked!" -- de son support, je souffle, je remet en place, rien que dale: le poids de la touche (1gramme?) est suffisant pour appuyer sur le capteur. Je vous parle donc aujourd'hui avec un pc sans L, ou plutôt sans touche: j'appuie à la place sur un bitonio transparent tout mou.

La touche L saturait mon PC, et ça le faisait démarrer comme une tortue. Mais en fait, je me suis rendu compte qu'il mettait tout de même bien 8min, en temps normal à complètement démarrer. Et puis, depuis cet incident, il s'est mis à me trouver plein de problèmes: disque dur manquant (ah bon et j'écris sur quoi là?), clavier qui prend un lag de 1 seconde sans raison de temps en temps, le mieux étant les alertes style "je vais exploser dans quelques minutes".

Mais bon, mon PC commence à être vieux, il est temps que je le change. Ce billet pourrait s'arrêter là, laissant au lecteur le soin de comprendre cette dernière phrase dans toute son ampleur, sa dimension, sa perversion! Surtout si le lecteur s'empresse de faire une petite recherche google sur le titre, mais je tiens à continuer mon pamphlet et en faire une démonstration auto-suffisante.

"Je suis un Super Ordinateur et je t'adore. Mais je te préviens: je canerai pour une raison stupide dans 2 ou 3 ans!"

En réalité, je vous le dis, ce PC n'a que deux ans et quelques. Il n'a jamais été (beaucoup) maltraité -- mais bon une petite taloche de temps en temps, ça ne peut que leur faire du bien ! Son disque dur fut reformaté par deux fois déjà, et deux fois cela n'eut aucun effet : ses performances continuent de se dégrader au cours du temps, il veillit vite, trop vite. Je ne demande pas un PC Benjamin Button, non, je demande un matériel dont la durée de vie corresponde à mes attentes et non à celles que l'on m'impose par la prétendue force des choses. Attendre des plombes le chargement d'une session parce que tel ou tel composant a des ratés, ça n'est pas normal. Avoir des plantages une fois sur deux quand je lui branche un écran externe parce que la carte graphique marche sur trois pattes depuis quelques mois, ça n'est pas normal. Non, messieurs les députés, hum pardon... cher lecteur, ça n'est pas normal car cela n'était pas avant et qu'à moins que la technologie n'eût régressé, j'attends aujourd'hui ad minima les mêmes performances que mon matériel informatique d'hier.

D'ici quelques mois, j'installerai Linux qui donnera une seconde vie à mon ordinateur, une paisible retraite si l'on veut. Mais un fait est indéniable, et ce problème de clavier lui fait écho: le matériel a vieilli en deux ans. Mais que s'était-il passé pour mon dernier portable DELL?

Il avait claqué subitement à cause de? de? d'un néon en panne dans l'écran. Plutôt gênant pour un ordinateur portable, et plutôt con comme panne car c'est franchement pas le composant le plus compliquée dans la bête. Et, chose singulière, remplacer le néon aurait coûté un bras. Alors qu'en réalité le néon vaut probablement 3 euros, la main d'oeuvre pour le remplacer 5 euros (avec plus-value!). C'est juste qu'étrangement ils n'ont pas les pièces, il faut qu'ils les fassent venir de Vénus, du fait main, roulé sous les aisselles,etc. . Déjà à l'époque, je me rappelle d'une pensée -- complètement paranoïaque bien entendu -- qui m'était venue... Un néon grille le plus souvent à cause d'un claquage électrique dans la cathode (ou l'anode), claquage qui peut, certes, intervenir à tout moment de la vie du néon mais est fortement corrélé à l'usure du-dit néon. Cela veut dire qu'une entreprise peut dimensionner la résistance de son néon pour qu'il claque, stastistiquement, après d'un temps bien déterminé. Disons 3 ans. Mais bien entendu, bien entendu, une telle entreprise dimensionnerait ainsi au rabais la durée de vie de son néon dans l'UNIQUE but de garantir des prix bien plus faibles à son client et pour mieux correspondre avec sa demande. Après tout un ordinateur est censé durer 3 ans non ? ...

Ohoh... mais... mais... mais c'est que ça commence à puer non ? Un néon à la con qui tombe en panne au bout de 3 ans, un clavier qu'a vraisemblablement claqué une durite après 2 ans... Que des pièces super simples... mais tellement intégrée à l'ordinateur portable que "Monsieur, la réparation sera plus coûteuse que d'acheter un ordinateur de la même puissance aujourd'hui." Mais... mais... mais oui ! Ça pue ! Serait-ce donc de l'obsolescence programmée ?

OMG cat est sous le choc de la révélation !

(Cher lecteur, une petite parenthèse "searchbot" spéciale dédicace à DELL, tu n'es pas obligé de lire ce qui suit, c'est un tantinet vulgaire. DELL IS BAD, DELL ARE THIEVES, I HATE DELL, BAD PRODUCTS, BAD COMPUTERS, SCREWED LAPTOP, SHIT, DELL STUDIO, DISAPPOINTED, FUCKED UP, I WILL NEVER BUY THIS SHIT AGAIN, ANGRY, FUCK DELL, I WAS ROBBED, DELL I SEE YOU, DARKLY DREAMING DELL, DELL LITTLE SECRETS, DON'T BUY DELL, DELL THIS PAGE IS IN FRENCH SO GIVE IT TO WHOM SPEAKS SOME FRENCH I'LL BE HAPPY TO DISCUSS IT WITH HIM/HER AFTER ALL I'LL SOON BE BUYING A LAPTOP.

Si vous avez compris mon objectif et que vous voulez contribuer à ce que le searchbot de Dell -- qui existe bel et bien ce n'est pas un mythe -- me trouve, allez sur Google, tapez "DELL Godet à Boulder" et cliquez sur le lien qui vous enverra à cette exacte page. Réitérez l'opération à votre convenance. Si vous êtes vraiment amusé par ce jeu, vous pouvez changer les mots que vous tapez dans Google en puisant les expressions dans la "parenthèse searchbot" précédente. Par exemple "DELL IS BAD Godet Boulder" ou même "DELL IS BAD Boulder" voire, dans quelques jours, uniquement "DELL IS BAD". Et si vous vous sentez solidaire du message qui va suivre, vous pouvez aussi poster un lien vers cette page (http://usgodzy.blogspot.com/2011/02/de-lobsolescence-programmee.html) quelque part (mais surtout pas de spam), envoyer le lien de ce billet à des amis, etc.)

Revenons à nos moutons. De l'obsolescence programmée. Ou comment vendre des produits sciemment construits pour ne plus fonctionner après un délai maîtrisé et voulu par le constructeur. Ou comment endiguer la crise des années 1930 et doper la croissance après 1950. Le pire c'est que les arguments pour cette stratégie ne sont pas tous mauvais... enfin de là à dire qu'ils sont bons, il y a un sacré pas que je n'ai pas la sottise de franchir. Mais surtout à l'heure où le modèle de croissance de l'économie mondiale se heurte à la raréfaction des ressources et l'amoncellement des déchets -- en un mot à la finitude de notre monde -- et dans un contexte de régression sociale on peut le dire sans ciller : ce concept c'est de la grosse merde en boite. Et (véritable) coïncidence cette fois, je trouve sur alt-tab.org (site tellement indispensable à la vie sur internet) aujourd'hui même cette vidéo que je vous invite à visionner en intégralité quand vous aurez 1h devant vous. Ce que je croyais être un simple artéfact de l'économie de marché et de la société de consommation se révèle être bien plus que ça...


Jusqu'ici l'informatique avait bénéficié de la Loi de Moore qui avait naturellement provoquée sa croissance. Cette loi avait vite été érigée comme argument marketing : après tout il fallait changer d'ordinateur tous les 3 ans, car sinon l'on disposait de moins du 1/4 de la puissance des nouvelles machines, et donc les nouveaux logiciels ne tournait pas très bien. De leur côté les éditeurs de logiciels n'avait du coup cure de faire des algorithmes performants, au pire dans 3 ans, tout allait tourner à merveille. Effet pervers certes, mais après tout c'était une obsolescence naturelle que l'on n'aurait pu contrer qu'en freinant le progrès -- position défendable mais que je ne défends pourtant pas... encore. Et puis on pouvait quand même garder un ordinateur longtemps: il ne tombait pas en panne, il était juste vieux, moche et il filait la teu-hon.

Mais la Loi de Moore et ses corollaires(mémoire vive, dure, carte graphique) connait des vacillements, notamment sur la puissance du processeur dont une augmentation ne serait plus nécessaire à grand chose. La barrière quantique serait atteinte d'ici 2019, au delà plus de densification des processeurs possible. On pourra alors faire plus gros, mais au contraire nous miniaturisons au possible. Il faudra donc véritablement innover sur l'architecture même d'un transistor, pour sortir de l'impasse. Mais, avant même cette barrière physique au calcul informatique, je pense qu'on ne sait plus vraiment quoi faire de la puissance de calcul dont nous disposons. Certes, on peut toujours demander davantage à un PC, mais quand celui-ci arrive maintenant à analyser une image haute-résolution, isoler certains éléments, la retoucher en fonction, cela en temps réel et l'envoyer par webcam, tout en lisant un film ultra-compressé et rendu au format HD et se permettre de faire tourner un defragmenteur de disque en tâche de fond... franchement de quoi a-t-on besoin ? Les jeux vidéos sont les plus gros demandeurs (grand public) de ressource, mais l'on constate que les consoles les plus récentes sur le marché datent de 5 ans et pas de nouvelles en vue! Les éditeurs de jeu font donc des efforts pour faire des jeux de plus en plus jolis, sophistiqués, et qui utilisent pourtant le même matériel. Et ils y arrivent! Preuve que cette inexorable course à la puissance que nous avaient expliqué ces éditeurs flemmards auparavant était en fait une vrai concerto pour flûtes et pipeaux. Et pour la première fois de ma vie, en regardant mon ordinateur je me dis "Je n'ai pas besoin de plus que ce que j'ai en ce moment: mon ordinateur a toute la puissance de calcul dont j'ai besoin..." Oui, l'informatique va évoluer, les applications vont devenir de plus en plus intuitives, interactives, mais pour cela il n'y a pas besoin du quart de la puissance nécessaire à Oblivion. Quand une véritable intelligence artificielle fera son apparition sur nos ordinateurs, là on se reposera la question de leur puissance de calcul. Mais pour l'instant... je n'ai pas besoin d'acheter un ordinateur plus puissant, tant que le mien marche.

Fort de ces réflexions, changeons de personnalité, ciao Victor, salut Emile:

J'ACCUSE
LETTRE A DELL

J'accuse DELL d'avoir introduit sciemment des pièces de mauvaise qualité dans ses ordinateurs. J'accuse DELL d'avoir introduit ces pièces dans l'unique but de programmer l'obsolescence de leurs produits, afin de créer une demande renouvelée tous les deux ou trois ans. J'accuse, enfin, DELL de faire tout leur possible pour rendre leurs pièces irremplaçables et leurs garanties commercialement prohibitives dans le but sournois d'empêcher tout alternative à un nouvel achat. J'accuse tous les autres, avec peut-être Apple en tête sur le plan hardware et Windows sur le plan software, de se livre au même jeu malsain.
Ce problème de clavier, chers arnaqueurs, était de trop. A ceux, ces fatalistes ou ces menteurs, qui scandent votre refrain, votre "ça arrive", je rétorquerai "Non ça ne devrait pas arriver." Ce n'est pas parce que vous nous y avez habitué que cela est du domaine du normal. Et que l'on ne se cache pas derrière la légalité du procédé. Car il y a bien les obsolescences programmées "illégales", que tout le monde montre du doigt, tel Epson qui mettait un compteur à certaines de ses imprimantes pour qu'elles cessent de fonctionner après un certain nombre d'impressions. Mais Epson a été condamné, forçant ainsi le jeu de la destruction planifiée à se jouer plus finement, dans l'ombre. La stratégie de Dell, et d'autres constructeurs d'ordinateurs, est de se cacher derrière sa sous-traitance, d'arguer la fiabilité de tout le reste et de proposer -- toujours ! -- des garanties supplémentaires dont -- coïncidence ? -- le prix monte en flèche et avoisine la moitié du PC quand on dépasse les trois ans. La stratégie de Windows, et d'autres designers de logiciels, consiste à sortir des O.S. pourris pour nous en vendre ensuite la mise à jour et le support. La stratégie d'Apple, je vous laisse la découvrir avec cet excellent sketch des Guignols.




Mais pourquoi fustiger l'industrie informatique alors que tout, jusqu'à notre ampoule électrique, est programmé pour mourir plus tôt. Raison de notre croissance, cette stratégie pernicieuse est devenue, réfléchissez-y, un cancer de notre société qui, dit-on !, cherche à économiser mais qui gaspille ainsi par tous les trous. C'est à vous messieurs les ingénieurs de ces entreprises, que je la crierai cette vérité, de toute la force de ma révolte d'honnête homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous pensez n'y pouvoir que peu de choses. Mais à qui d'autre donc, dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n'est à vous, les premiers responsables de la qualité de vos produits ? Et avant de me taire, je vous poserai une ultime question : quand avez-vous donc cessé d'être des ingénieurs ?

Alternativement, si z'êtes pas convaincu, je peux aussi tenter ça :

Each time you sell a product that will become obsolete by design,
God kills a kitten.
Please, think about the kitten...


dimanche 6 février 2011

Partir un jour

Partir c'est mourir un peu.

Bigre, ce billet s'annonce gai et joyeux. Mais force est de constater que de nos jours, partir ça ne veut pas vraiment dire la même chose qu'autrefois. Si dans l'Ancien Temps, partir voulait dire avant-tout risquer sa vie sur les routes, galérer à l'arrivée pour faire son trou, et recevoir des nouvelles de son pays une fois par an et avec un mois de retard... aujourd'hui c'est effectivement bien différent.

Les dinosaures, c'était pourtant y'a pas si longtemps !!!
Et même sans parler de l'Ancien Temps... revenons juste vingt ans en arrière. Toute une vie à mes yeux, mais bien peu de chose finalement. A cette époque, rappelez-vous -- enfin ceux qui peuvent -- il n'y a pas internet, à part pour 42 geeks répartis sur la planète. A cette époque, il y a bien le télégraphe téléphone, mais les appels transatlantiques ne sont pas si pratiques. A cette époque, on a les informations par la télé et la radio, mais si on parle de l'autre bout du monde, ça n'est jamais que lorsqu'une catastrophe s'y est produite. Cette situation est passée, en l'espace de 10 ans peut-être -- de 1999 à 2009 dirons-nous -- d'établie à oubliée.

Il y a peu de temps, mon grand-père me disait que ça faisait vingt ans que l'on avait rien inventé. Je ne sais pas qui sont les experts qui défendent cette thèse, mais à mon avis, ils n'ont jamais touché à un ordinateur de leur vie. Et l'Internet doit encore être pour eux ce fruit défendu énigmatique dont tout le monde parle mais qu'ils savent n'être en réalité -- et ce de leur propre expertise innée des choses du monde -- qu'un repaire pour pervers, amateurs de chatroulette et pirates en tout genre qui sèment la désolation partout où ils passent.

Les gens qui lisent ce blog n'ont pas besoin que je trouve des arguments pour ridiculiser cette vision de l'engeance Internet et pour cause: ils lisent ce blog. Rare est l'argument qui par le seul fait d'être lu se démontre de lui-même. Mais rions tout de même un bon coup. Car que me permet Internet, en tant qu'expat' ? Tout ce que je faisais en France auparavant finalement.

Ecouter la radio, regarder la télé regarder les Guignols, lire les journaux -- qui a dit "et plus qu'avant" ?!. Côté info, le net nous sert à volonté, nous alerte-par-mail, nous tweet, nous rss, nous synchronise. D'ailleurs, chers journalistes du Monde, du Point, du Nouvel Obs, de Libé, etc. par pitié arrêtez de nous parler de la toute nouvelle révolution twitter. Ceux qui s'y connaissent rient des œillères que vous avez portées pendant facilement 2 ans et ceux qui ne connaissent pas ne lisent pas ce genre d'articles... Mais concernant ces moyens d'information, c'est finalement déjà comme ça que je m'informais en France. En 6 mois, j'ai bien changé certaines habitudes, automatisé mes recherches, ajoutés des favoris à firefox chrome. Mais ne les aurais-je pas changé même en étant resté en France ? Est-il possible que, déjà, le monde change plus vite que moi ?

"Hé bien... ceci... est une révolution..."
Et puis après toutes les actualités, il y a le miracle Skype. Ou Gtalk, no offense hein... Appeler gratuitement en visio les gens à qui ont tient, mine de rien, ça n'est justement pas rien. D'une certaine manière, ça entretient notre propre culture, ça rassure, ça permet de désactiver le traducteur automatique et de se créer une petite parenthèse française de temps à autre. Et de se rendre compte que la Terre est ronde -- ou alors que les mecs qui gèrent le soleil, et bah ils sont vachement bien organisés.

Malgré tout, certains sites internet s'obstinent à me montrer que je ne suis pas en France. Premier sur la liste: Deezer. Deezer, je te hais. Déjà que tu n'as pas grand chose, mais en plus tu m'empêches d'y avoir accès parce que je vis aux Etats-Unis. Et en plus t'as fait couler Jiwa, qui eux au moins avait eu les balls de se procurer les licences pour les vraies chansons des vrais groupes, par les reprises du genre Yukélélé-Synthé-Autotune.

Mais sinon... quand même... Internet ne remplace pas tout. Partir 6 mois, c'était comme partir en voyage. Partir pour au moins 3 ans, c'est une autre affaire. C'est ne pas dire "à bientôt" mais "au revoir". C'est ne pas faire de plans pour dans 6 mois, mais dire "bon, on garde contact surtout hein".

La technologie a beau avoir mis chaque point du globe à moins de 24h de n'importe quel autre, avoir réduit le temps d'information à quelques minutes et avoir permis des communications avec moins d'une seconde de décalage, il n'en demeure pas moins qu'être loin des yeux reste, encore et malgré et tout, être loin du coeur... quoiqu'on y fasse ni n'en dise. Jusqu'à la prochaine invention de Steve Jobs peut-être ?

- Wow, t'as la nouvelle appli "téléportation" de l'i-maison !
- Hé ouais... 3,90€ à l'Apple Store ! Viens, je faire un tour à Milan, j'ai besoin d'un nouveau pyjama...