jeudi 31 mars 2011

De l'Obsolescence Programmée - Suite (et fin ?)

Un très court billet pour rendre compte de la suite de cette histoire. Dell m'a finalement offert un lecteur blu-ray et surtout 4 ans de garantie pièce et main d'oeuvre sur mon prochain PC. Je leur ai donc racheté du matériel, à un prix assez intéressant (ça vaut pas les chinois de Montgallet mais avec le cours euro-dollars c'est vraiment bon). Pour éviter également le plus possible le PC en rade suite à la défaillance d'un composant, j'ai choisis un PC fixe, et puis bon j'ai deux portables à côté alors...

Donc en résumé Dell is bad, bah oui ça change pas, mais au moins ils ont une politique commerciale à peu près décente. Et pourquoi leur avoir encore acheté à eux ? Parce qu'ils sont effectivement les moins chers du marché, et que je doute qu'ils soient les seuls à mettre en oeuvre cette sombre pratique.

lundi 28 mars 2011

Ici meurent les tornades...

... et avec quel panache !

Boulder n'est pas le Kansas, et pourtant certains jours, on se sent Dorothée, et l'on est bien content d'habiter des  maisons et des appartements en briques bien solides. En hiver, en été, le phénomène reste contenu... mais au coeur du printemps, quand la France connait ses dernières giboulées, Boulder récupère les tornades du Kansas, les vents glacés du Canada, et la mousson du Pacifique. Tout d'un coup. L'équinoxe de printemps est à peine derrière nous que déjà les tempêtes se succèdent, augurant d'un mois de mai particulièrement sympathique.

Imaginez en effet un mur -- les Rocheuses -- et trois masses d'air qui viennent s'y heurter. La première vient des grandes plaines des Etats-Unis. Elle a perdu son eau, mais rien de sa force, au contraire, elle est dopée des tornades avortées . Avec rigoureusement zéro relief pour casser son élan, elle arrive pleine trombe et s'épuise enfin sur l'unique barrière rencontrée sur des milliers de kilomètres. Mais, à elle toute seule, elle ne ferait finalement pas grand mal, tout juste une légère brise, un slamino toujours poussant vers l'ouest mais sans turbulences ni rafales. Car les dernières tornades des grandes plaines meurent à quelques dizaines de miles à l'est. La masse d'air que nous récupérons est bloquée dans sa course par les montagnes, et s'amortit en douceur sur les Flatirons.

Mais voilà que la même chose se passe dans le grand Nord, i.e. le Canada. On l'oublie souvent aux Etats-Unis, mais ce pays existe bel et bien. Les vents de l'Atlantique Nord, et du cercle polaire vont eux aussi taper dans les Rocheuses, qui ne se limitent pas qu'au Colorado mais remontent jusqu'à l'extrémité nord de l'Alaska, et descendent au Mexique. Le puissant courant nordique, appelons-le Nanuk, butant sur ce massif, a le panache de ne pas mourir sans avoir fait chier un max de monde avant. Plutôt que de rester avec les caribous -- et les quelques habitants de cette métropole urbaine*, phare du mainland canadien néanmoins à dimension humaine qu'est Calgary -- il va descendre se cogner le Colorado. Mais, à lui tout seul, ça irait encore. Bon, en plus du slamino d'est, on se prendrait le Nanuk, vent bien glacé, bien humide, ce serait vivifiant. C'est en fait exactement ce qui se passe pendant l'hiver. On a du -20° -- à midi -- mais la masse d'air a le bon goût d'être généralement inerte.

Calgary, 1885 1985

Voilà que le troisième larron entre en scène, j'ai nommé Speedy Gonzalez, le crivetz mexicain. Cette dernière masse d'air est l'équivalent américain de la célèbre mousson de l'océan indien et de l'asie du sud-est. Speedy Gonzalez est chaud, gorgé d'eau et pour une raison inconnue de mon météorologue personnel (Mack) il a la manie de se bouffer les Rocheuses au Mexique, courant Mars-Avril et... je ne voudrais pas me montrer grossier, l'homme du mid-west parfois rude reste toujours courtois mais la vérité m'oblige à vous le dire... de remonter au Colorado pour nous les briser menues! Il s'y installe alors quelques jours puis repart, revient, etc. L'année dernière, je suis arrivé au Colorado en même temps que lui. Je ne lui en garde absolument aucune animosité.

Maintenant, envisagez... On a une masse d'air, notre slamino des grandes plaines, qui est coincée au nord par Nanuk qui rêve de vacances au soleil et au sud par Speedy Gonzales qui ne sait juste pas quoi faire pour s'amuser. Le climat est donc imprévisible: quand Nanuk gagne, et repousse le mexicain derrière Denver, on ressort les polaires, quand c'est Speedy qui repousse le maitre des ours polaires (sisi!) au nord de Fort Collins, on peut se balader torse-poil à Boulder. Etrangement, loi de Murphy ou pas, il semble que la région de Denver soit exactement à l'endroit où le front s'établit. Pendant ce temps, notre vent des plaines s'accumule s'accumule et explose tous les trois jours. On a le droit alors non pas à un temps venteux, mais à un temps "rafaleux". Le vent se lève et tombe toutes les cinq minutes, et atteint entre temps des vitesses étonnantes.

Ainsi pour la première fois de ma vie, je découvre le pilotage de vélo par vent de travers. Rien de bien compliqué après tout, il suffit de pencher le vélo dans le sens du vent pour compenser. Le seul problème étant qu'on est quand même bien penché et que quand le vent cesse soudain, on se retrouve (très) vite sur la file de gauche. Et comme le vent n'est jamais constant, on oscille en permanence sur la piste cyclable dont on mesure  alors l'étroitesse -- et à chaque coup de klaxon un peu plus. Mais du coup quand on va dans le sens du vent, on a l'impression d'être sur une mobylette dont on ne maîtrise pas tout à fait l'accélérateur : on file agréablement à 30km/h sans besoin de pédaler, et ça remonte même les faibles pentes (faut écarter les bras le plus possible et ouvrir le blouson, ça te donne alors un air de motard sur Harley mais sans la Harley).

On pourrait croire les écureuils craintifs de tout ça, mais non, ils font leur vie comme si de rien n'était, comme si la plupart des objets qui volaient autour de tout ne faisaient pas 3 à 4 fois leur poids. M'enfin c'est vrai que pour étaler les poubelles dans la rues, le temps est idéal.

- DIA, too much crosswind, plus you' seen that flying burger?
- Lol, brb dinner time, xD
(Virginia flying squirrel, from wikimedia, author a.freeman, under GPL)

Et après chacune de ces tempêtes, au matin je me réveille et m'émerveille : le nid de Spip tient toujours...


* Le premier qui voit une métropole pas urbaine, il me dit hein... des fois y'a des expressions...