mercredi 30 juin 2010

L'appel du pommeau de douche

Le titre vous parait peut-être bien énigmatique. En effet, d'aucuns s'étonneraient d'apprendre qu'un pommeau de douche peut appeler. Et pourtant. Ce pommeau de douche est américain, et comme beaucoup de leurs actionneurs domestiques - on pourrait presque appeler ça des "interfaces homme-machine" des fois, au vu de la complexité - il est donc par nature étrange (cf. billet précédent)...





L'appel du pommeau de douche (H.P. Lovecraft, 1926)


Dans le plus pur style lovecraftien, nous nous contenterons de dire que ce récit a été retrouvé griffonné à la hâte, sur un carnet CapGemini trempé, dans la salle de bain de l'appartement A59 sur la 20th Street, Boulder Colorado, appartement complètement vidé, inondé et fermé à clé de l'intérieur. Âmes sensibles...


Si vous avez suivi, vous comprenez que je n'ai été familiarisé avec la douche à l'américaine qu'assez tardivement ici, puisque privé de valise et de facto de douche pendant 24h. Quoique, à bien y réfléchir, la douche je l'avais plutôt prise pendant 24h... Bref.



J'avais donc déjà eu l'occasion de me taper une dizaine d'aller-retour sous le canapé - merci les interrupteurs - quand je découvris la bête. J'étais, prudent, anxieux de ce que ça allait être. Un simple cône. Un cône qui sortait du mur, avec une liaison rotule l'y attachant permettant une petite rotation de la tête sur une dizaine de degrés sur 2 axes. Je me suis dit que je devais voir et avoir ici uniquement l'armature de la douche. Mais, non, après la confirmation - très étonnée - d'un voisin, c'était bien un pommeau de douche classique. Enfin, surtout, pas cher.

A ma première douche - puant mais pas fou le coco - j'avais actionné la douche en me tenant à l'extérieur de la baignoire. Pour un entendre alors un son cthulhuesque. Un bruit suraigu (un peu genre île de Callirhoé-dark side pour les vieux de la vieille ;), ou encore simplement moi jouant du flutiau). Un cri. Un appel. Qui cesse soudain, et le pommeau vibre un instant avant d'exploser de l'eau à peu près partout et de se calmer après quelques secondes de panique pure. Je n'avais pas encore de rideau de douche à l'époque, j'en ai donc profité pour laver le sol de mon appart.

Donc, j'en ai arrêté avec le pommeau pourri, j'ai tout démonté. Et j'ai remonté un vrai truc avec un tuyau, qu'on peut suspendre au dessus de sa tête et qu'on peut utiliser, entre autre, pour rincer la douche après, parce qu'avec ce dispositif pourri, laver la salle de bain ainsi que le salon même c'était tout bon, mais la douche, ça non ! J'ai appris à cette occasion que faire de la plomberie, ça mouille. (et oui le feu ça brûle, et tous les oiseaux blablabla...)


Parce qu'un LolCthulhuZ, ça fait aussi toujours du bien

Et donc, ce matin, je vais prendre une douche. En mode blond, vous me connaissez bien le matin : "dibadibadoum, ahah je me ferai bien une petite douche bien fraiche pour me réveiller. Dibadi [une pause, regard à la caméra] Badoum.". Je suis dans la douche, je tourne un premier robinet, le chaud, prêt à ouvrir le froid. Mais j'ai à peine tourné le machin, que le cri du pommeau retentit de nouveau ! Je me fige, dans la douche, tel Spip, l'écureuil américain, apercevant un mouvement menaçant quelconque dans son univers observable. Le son soudain s'arrête, signal de l'imminente explosion. Et tout aussi soudainement, je me rend compte de ma bêtise : d'avoir actionné uniquement le chaud.

Tout s'est passé très vite. Alors que j'écarte le pommeau d'une main preste, l'autre empoigne le robinet du froid et essaye de le tourner. Mauvais sens !*. Se produit alors ce moment fatal où l'eau jaillit, non du pommeau, mais d'abord de la jonction dans le mur (!), traversant par là-même le petit bout de scotch que mes talents de plombier amateur avait estimé suffisant à le contenir, à contenir la Bête ! L'eau est immédiatement tiède puis vite, très vite, très chaude. Réflexe vital, je lâche le pommeau - le vrai à présent, celui que nous connaissons  nous les civilisés - pour me protéger les yeux. Mon autre main finit par arrêter de s'obstiner à visser ce putain de robinet et ouvre enfin à fond l'eau froide. Et là, l'eau jaillit bien sûr à forte pression du pommeau abandonné, laissé libre et pendouillant mollement devant ma poitrine**. Mon torse encaisse une douche bouillante puis glacée, je rejette par réflexe ce pommeau démoniaque. Celui-ci frappe le rideau de douche, puis le contourne tel un Sud-Africain face à la défense française, s'enroule derrière... et, méticuleusement, inonde ma salle de bain avant que j'ai eu le temps de couper les vannes.



A présent, à chaque douche, à chaque déverrouillage de robinet, la peur me prend au tripes. La peur d'entendre l'appel du pommeau de douche, dont la prophétie, formelle (induction, induction...), annonce qu'à chaque fois qu'il se produit, il innonde tout autour de lui. La dernière fois j'ai eu de la chance. La dernière fois, je m'en suis tiré. Tout à l'heure, je suis allé dans la salle de bain. Le pommeau m'a vu. A présent, il me regarde.

"Est-ce que vous voyez ?"


* Désolé, mes chers parents. Vous avez essayé de me faire comprendre, toute ma vie, qu'il fallait tourner le robinet dans un sens. Et j'avais du mal. Et bah ici, ils font comme moi j'ai envie de faire à la maison... Et donc forcément je tourne à présent ici comme on tourne les robinets en Europe.
** Je me rend compte que je suis en train de décrire un combat contre un pommeau de douche... Mais où cette vie épique s'arrêtera-t-elle ?!

mardi 29 juin 2010

LUMIEEEEEERE !!!!

Revenons en un peu à la satyre... pardon satire, oulà ! Ou quand allumer la lumière aux Etats-Unis c'est genre bah simplement trop euh... difficile, quoi, t'vois ? Saaaa race... hum hum... trop d'interviews d'Anelka... hum...

Les "actionneurs domestiques" américains, c'est à dire interrupteurs, poignées de portes, pommeaux de douche (épisode à sortir en salle demain), etc. sont différents. Différents de ce qu'on connait, de qu'on a l'habitude d'utiliser. Etrangement, cette société qui est quand même très gadgetophile et invente des produits pour n'importe quoi (un découpe-pomme pour faire des morceaux hexagonaux par exemple, ouais cool !), possède des actionneurs domestiques basiques qui sont encore, et je pense très objectivement, en retard de ce qu'on pourrait en attendre normalement. Allez, promis, j'exagère à peine.



Depuis une cinquantaine d'année, en France, l'électricité est considérée comme d'une relative banalité - en zone civilisé s'entend. Nous avons donc compris depuis un certain qu'il était possible de sophistiquer légèrement l'agencement des fils électriques, voire de coupler un actionneur mécanique à une résistance variable, pour donner à nos interrupteurs une façade agréable et même nous permettre de régler la luminosité à notre convenance. Et puis, au pire, on a ce bête carré à pousser d'un coté ou de l'autre, qui peut s'actionner du doigt, de la main (de Henry), du coude, de la tête, de la main, du pied pour ceux qui veulent redorer notre honneur bafoué en l'an de grâce 2010, ou encore de la fesse et d'autres parties anatomiques que je n'oserais imaginer.

Ceci est un interrupteur domestique français de 1970

Ici, mieux vaut avoir au moins une main à disposition, parce qu'actionner un interrupteur peut s'avérer un travail de titan. Bien sûr ils ont l'interrupteur classique mural. Mais le leur est massif. L'actionner nécessite une force du doigt certaine, que l'on a pas forcément à toutes les heures du jour et de la nuit. Surtout quand on appuie dans le mauvais sens. De plus la partie mobile, sorte de piton parfois poncé et poli dans une vague tentative de la faire ressembler à autre chose qu'une épieu miniature, ressort déjà tellement du mur, qu'il y'a surement déjà eu des cas de trépanation accidentelle les impliquant.

 
Ceci est un interrupteur domestique américain de 2010
(notez bien toute l'électronique sophistiquée et bien cachée dans le boitier quand même...)

Il y aussi le bouton poussoir. Ce truc est un petit titou, taille d'un grain de riz, en métal qu'il faut enfoncer sur tout sa longueur pour allumer ou éteindre. Ça a l'air stupide comme ça, mais c'est une souffrance de tous les jours. Où l'on se demande s'il va falloir encore appuyer sur ce machin super dur à enfoncer, et que l'usage a élagué sur ses bords, pour en faire un ovale pointu, au point qu'il en faille sacrifier un pouce à chaque pression.

Mais là nous sommes encore en terrain connu... spartiate mais apprivoisé. Non, il y a enfin le bouton à tourner ! Le bouton à tourner est - et c'est son premier problème - petit. Et oui, en définitive, la vérité nous frappe sévèrement : size matters ! Mais genre vraiment petit, truc de lutin quoi. Genre la vis que t'arrives jamais à visser parce que t'arrives juste pas à la tenir entre deux doigts. Et ce truc, nécessairement, est une fois sur deux grippé, une autre fois sur deux t'as loupé l'encoche*. Dernière chose, si tu tournes dans le mauvais sens (donc fatalement une bonne chance sur deux quand tu découvres l'appareil, beaucoup plus dirait la loi Murphy mais ne rentrons pas dans le débat), la vis saute et va se perdre (cette fois conformément à la loi suscitée) sous le canapé et pile au milieu.

Maintenant comprenez que le plus marrant c'est que sur un seul luminaire lambda de salon, il y a plusieurs boutons de ce type ! Un pour allumer toutes les ampoules. Presque en fait, une loi américaine doit surement interdire d'avoir plus de 3 boutons par lampe, et ce afin de réduire le taux de dépressions nerveuses dans la population. Chaque interrupteur permet donc d'actionner un certain nombre d'ampoules sur le luminaire. Bah oui, pas cons les amerloques !!! Ça leur sert de VARIATEUR de luminosité !!! A niveaux discrets, et dix fois plus compliqué à mettre en place mais passons. Ces boutons sont disposés donc à tous les endroits possibles et imaginables, si possible le plus près de l'ampoule ou alors suffisamment inaccessibles pour que l'on se crame les doigts une fois sur deux à vouloir éteindre quand on est fatigué, mais surtout rendant très difficile la mémorisation des sens de rotation des boutons !

Bien sûr, dernier gag : il est très difficile de différencier, à première vue ou sans réfléchir, le bouton poussoir et le bouton à tourner. Ce qui entraine des frustrations très intenses à tourner dans le vide l'un pendant quelques secondes et à se démolir le pouce à vouloir à tout prix appuyer sur l'autre...

Un coup classique, la trépanation sur recul imprudent : 20 000 morts/an aux US... ((c) ClipartOf)




Et puis je ne vous ai pas encore parlé de l'ouverture des fenêtres... Allez, pour un autre jour ! :)



* je décline toute responsabilité sur des équivoques éventuelles dans ce paragraphe... =D

dimanche 27 juin 2010

Semaine chargée

Me voilà de retour, après quand même 3 jours d'absence, ce étant donné la fin de semaine chargée que j'ai eu. En effet, résumons un peu cette semaine... J'ai enfin commencé à bosser sérieusement, donc à faire des maths et à programmer comme un petit fou sous Matlab. Quelques découvertes (en version brute et version traduite à chaque fois :p).

- J'ai découvert que j'allais répartir des charges sur un astéroïde, plutôt que d'atterrir dessus. Ce qui va être dur, c'est de choper le petit astéroïde (secondary) qui gravite autour d'un plus gros (primary), et de larguer une bombe dessus sans qu'elle rebondisse avec une vitesse supérieure à la vitesse de libération ou même ne soit éjectée avec un simple effet de marée du primary.
Version traduite : une bonne vidéo vaut mieux qu'un long discours (ou pas)

- J'ai découvert que je cherchais l'ensemble des solutions à mon problème qui était denses dans mon espace des phases (à 6 dimensions uniquement ici). Je suis pourtant toujours incapable d'en trouver une seule non-triviale !
Version traduite : les mathématiques me disent que je peux trouver des solutions à mon problème n'importe où, et qu'il y en à foison, et pourtant je n'en trouve aucune.

- J'ai découvert la fonction eval de matlab. Ou comment se la péter pour pas grand chose.
Version traduite : ça n'en vaut pas la peine.

Ma cible : Kilo Whiskey 4, avec alpha à gauche et beta à droite



Et puis bien sur les news générales plus intéressantes surement :

- Le grand évènement sportif de la semaine. En Coupe de Monde de foot, c'était bien sûr, comme tout le monde le sait, malheureusement, l'éviction des Etats-Unis, ce Samedi, contre le Ghana. Leur mental d'acier n'a pas suivi, cette fois, à compenser une certaine fébrilité et un manque d'organisation assez clair. On aura vibré pourtant jusqu'au bout ici, à Boulder. J'étais dans un bar, et chose assez incroyable, la moitié des gens dans le bar expliquait ce qui se passait à l'autre moitié qui ne comprenait rien au foot : offsides (hors-jeu), cards (cartons), tout leur paraissait un peu compliqué. Mais si les US sont tristes, les Ghanéens, eux, doivent être ravis. Ils ont mérité la victoire, souhaitons leur bonne chance.

- C'était pas le meilleur moment pour performer du hip-hop les gars !
- Beuarh

- Le grand évènement géopolitique de la semaine. C'était, comme tout le sait, la menace permanente à présent de guerre entre la France (et une bonne partie de l'Europe de l'ouest) et la Suisse, suite à la tentative d'annexion par cette dernière de la Savoie.
Serait-ce "l'annonciation" de la 3ème guerre mondiale ? Seul Dieu sait, mais une chose est sûre : c'est le meilleur moment pour la Suisse d'attaquer. Notre gouvernement considère en effet que le plus grave problème actuel, c'est l'équipe de France, et une attaque éclair des piquiers suisses pourraient bien surprendre les quelques arquebusiers qui défendent encore nos frontières à cet endroit. Cliquez-moi pour un petit aperçu de cet éventuel combat (si vous trouvez qu'il manque définitivement quelque chose à la scène, cliquez sur le petit ballon en bas du lecteur youtube, et voilà !)

"La Savoie se prépare à une attaque suisse imminente, donc prévue dans 8 mois" (Reuters, 24/06/2010)

- Le grand évènement américain de la semaine. C'était ce pauvre général McChrystal. Qui a en fait été remplacé, comme top news, depuis hier par le complot sur la mort de Michael Jackson. Bon, j'ai pas eu le courage de tout regarder. Au-delà d'une demi-heure je commençais déjà à suer à grosses gouttes à force de claquer des doigts et de hocher la tête en rythme sur la musique. Apparemment sa famille veut trouver un coupable pour sa mort. Grand bien leur fasse, plus que 3 étapes avant l'acceptation...

Michael Jackson est connu pour avoir révolutionné le Yoga avec sa fameuse position du héron

jeudi 24 juin 2010

CCD - Chrystal clear dignity

Aujourd'hui CNN et Fox News sont en ébullition. Plus que d'habitude en tout cas. Plutôt que de continuer l'élagage du marronnier mazouté qui les occupent depuis deux mois -- et alors que la fuite a repris de plus belle -- ils discutent de la "resignation" (démission) du général McChrystal. Encore une occasion d'étudier un peu plus la mentalité américaine.

McChrystal : Beuarh ?
Obama : Qu'est-ce que je vais faire de toi... ?
McChrystal : Beuarh...


Pour ceux qui n'ont pas suivi l'affaire, un petit rappel.

Un journaliste du journal Rolling Stones, pas franchement pro-militaire, a été autorisé à s'entretenir avec le général McChrystal, général en chef des armées alliées en Afghanistan. Cependant, c'était à l'époque du volcan islandais... Le journaliste a donc été bloqué, à Paris si j'ai bien entendu, avec le général McChrystal et son staff pendant un certain temps. Et on l'a laissé prendre des notes. Il a ainsi entendu et on lui a confié des trucs qui n'auraient jamais dus être confié à un journaliste (et qu'il était malsain de penser au sein du staff d'un général en chef).

Un peu comme l'affaire Anelka, mais c'est un petit peu plus important ainsi, puisqu'il s'agit de la descente en flèche de l'administration Obama et des responsables civils de la guerre en Afghanistan. Morceaux choisis : certains sont traités de "clowns", Joe Biden renommé "Joe Bite me !" ("Joe, Va te faire foutre !" en moins vulgaire), etc. Barrack Obama en prend un peu pour son grade également, sans insulte aussi forte pour autant. Le plus étonnant est que ce n'est jamais McChrystal qui balance ces bêtises, c'est juste son staff (sauf quelques citations, mais toujours données par le staff).

Avant même que l'affaire n'éclate, puisque le journal devrait sortir vendredi, McChrystal a envoyé un télex s'excusant platement puis il est venu à la Maison Blanche s'entretenir avec le Président Obama. Comprendre : venir présenter sa démission au Président. Aujourd'hui, le Président Obama a annoncé qu'il avait accepté cette démission, avec tristesse néanmoins.

 
Sad President Obama is sad.


Un peu sévère.

Essayons donc de comprendre pourquoi le président américain aura choisi une telle issue... et à quel point la France pourrait apprendre, je pense, de cette façon de voir les choses.

Aux Etats-Unis, les chefs sont responsables pour tout ce qui se passe sous leur direction. Par exemple, le Président Obama s'est excusé pour BP. WTF ?! Oui il s'est excusé, et a pris sur lui la responsabilité de l'accident d'une plate-forme maritime de forage pétrolier, dont il n'avait jamais su l'existence avant qu'elle explose. Parce qu'il est Président à ce moment. Parce qu'il représente et incarne l'Etat, et que l'Etat doit imposer aux entreprises de ne pas faire n'importe quoi. Il est responsable in fine. Alors aucun américain ne lui en veut pour cette explosion : certains lui en veulent pour sa gestion post-explosion, mais personne ne lui reproche l'origine de ce drame. Mais tout de même, il prend sur lui la responsabilité de l'accident.

En France, et dans beaucoup d'autres pays du monde je pense, ça ne nous viendrait même pas à l'esprit. Quand Raffarin va shooter dans des patasses de pétrole, sur la côte Atlantique, il blâme les autres. Bien sûr, ça n'est pas sa faute. Le pauvre ! Avec toutes les casseroles qu'il avait, on allait pas non plus lui foutre le naufrage du Prestige sur le dos... Surtout que c'était pas vraiment en France que ça c'est passé...

Pour le pauvre McChrystal, il y a en plus l'importance du symbole pour les Américains. L'armée doit, dans tous les pays, montrer un soutien indéfectible à sa classe dirigeante, c'est certain. Mais pour les Américains, le symbole est encore plus important. Un général qui taille - officieusement ! - des élus civils dont il dépend, c'est l'armée entière qui souille - officiellement - la classe dirigeante donc - et ça c'est très américain - directement le peuple. Démocrates et républicains, même Fox News, ils sont tous d'accord : le comportement est inadmissible, le général devrait être viré. Ils sont nombreux à dire : ce mec est un excellent soldat et tacticien, il travaille comme Hercule là-bas, c'est l'homme de la situation. Il n'empêche : il ne mérite plus ce poste.



Langue de bois, cette histoire de responsabilité du chef ? 

Je ne pense pas. C'est surtout une histoire de savoir reconnaitre publiquement qu'on a fait une erreur, qu'on aurait du mieux agir. En France, c'est probablement considéré par les politic(h)iens comme un geste de faiblesse de dire "je me suis planté". Quand Nico le fait, que dit-il, en fait, à chaque fois ? Il dit "J'ai merdé, mais franchement c'est pas facile tous les jours... et avec Carla, ma femme, et tout... mettez-vous à ma place !" hum. Essayons de rester sérieux.

Le Président Obama dit "J'ai pas fait attention. Le gouvernement et moi-même, on aurait dû s'en occuper de ces problèmes de contrôle de sécurité". McChrystal dit "J'ai été peu avisé, j'ai mis le Commandant en Chef de mon pays dans une situation intolérable, je n'aurai jamais du faire ça. Je n'ai pas d'excuse et je n'en mérite pas." Et ce n'est pas de la langue de bois, il le pense réellement. Ce n'est une auto-flagellation de bouc émissaire, ils ne prennent pas la responsabilité d'un acte, comme ça, pour faire plaisir à l'opinion. Quand on dit au Président Obama "Bouh, vous n'avez pas assez agi au début sur BP, et même maintenant !", il ne pense pas avoir commis une erreur au contraire alors il ne s'excuse pas. Somme toute, they keep it real.

Quoiqu'on pense du général McChrystal, quoiqu'on pense de la personne de McChrystal, et avant même de se demander s'il avait raison ou non de penser cela... savoir assumer la responsabilité de ses actes, de ses dires mais également du staff que l'on commande, c'est selon moi une preuve de grande dignité. Et si tout le monde ici a trouvé sa conduite intolérable, l'homme reste, au yeux de beaucoup de commentateurs - y compris le journaliste auteur de l'article - une personne de grande valeur et le militaire, un grand général.




Appliquer ça France, où ça ? 

Bon, je vais me contenter de sélectionner un top 3.


1. Sarko
C'était facile. Mais mérité. Grandis merde !

Parce qu'être chef, ça ne veut pas dire être celui qui fait gagner le pays et qui n'a rien à voir avec les erreurs commises.


2. Procès Kerviel.
Le pauvre garçon prend très cher. Difficile de savoir le fin du fin dans cette histoire. La Sogé a probablement profité de cette affaire pour dissimuler quelques pertes sur actifs pourris, mais de là à croire qu'un seul dirigeant de cette banque pouvait dormir tranquille en sachant que Kerviel misait plus que les fonds propres de sa banque sans aucune assurance c'est du délire pur. L'appât du gain j'y crois volontiers, mais là ça n'a rien à voir. On aime bien jouer au PMU de temps en temps, même risquer quelques milliers d'euros pour certains, mais on parie pas le double de toute sa fortune et tous ses biens sur le PMU.
Je pense donc que ses chefs ne sont pas coupables. En revanche, ils sont responsables. Tous, jusqu'au dernier. Je dis pas que ce sont des méchants, je dis qu'ils sont responsables. Ils doivent prendre leur responsabilités, assumer ce qui s'est passé. Bouton peut faire le cinéma qu'il veut, et il a le droit d'en vouloir à Kerviel, ça oui. Mais qu'il assume à la fin l'entière responsabilité de ce qui s'est passé.

Parce qu'être chef, ça ne veut pas dire être celui qui fait gagner la banque et qui n'a rien à voir avec ses pertes.


3. Procès Domenech, FFF et tout le gymnase avec.
C'est marrant, on prend une branlée et la première chose que tout le monde dit c'est "c'est pas ma faute c'est la faute de mes subordonnées ou de mes supérieurs". Je ne sais pas comment vous le vivez, à la maison, mais vu d'ici, ça fait franchement honte.
Pas pour le ballon, je m'en fous un peu de la coupe du monde, on l'a gagné une fois, c'était mythique, j'étais là, bon... voilà. Pas pour le niveau de jeu, bien sûr ça fait jamais plaisir de perdre... Mais pour la façon dont tout le monde se renvoie la balle -- pour une fois que ça joue un peu !
Les joueurs disent "Nan c'est la faute du traître". Le sélectionneur dit "J'ai rien à me reprocher, allez tous vous faire foutre..." A la FFF, on veut faire des enquêtes pour déterminer qui sautera. Dans cette ambiance, il est compréhensible que l'Equipe se mette à ne piger que du sang et des larmes parce que c'est tellement atterrant qu'on préfère enterrer l'équipe plutôt que de la soutenir.

Parce qu'être chef, ça ne veut pas dire être celui qui fait gagner l'équipe et qui n'a rien à voir avec la débâcle.

Si je peux l'assumer, pourquoi pas vous ?



Finissons sur une note positive. Les ricains ont battus l'Algérie ce matin. Victoire 100% mérité avec notamment un but refusé sans raison au tout début du match. Ils font plaisir à voir courir. Ils savent pas jouer au soccer, mais ils y sont pourtant super bons.

Epic win is epic =D

mercredi 23 juin 2010

Go USA ! - VTFESFPD

Oui, je fais un billet sur la coupe du monde. Incroyable hein ? Mais même les boulderates (c'est ainsi qu'on dit) se foutent de la gueule de l'équipe de France alors bon... Il sera court en tout cas. Tout autant le séjour de l'équipe de France en Afrique du Sud.



Ce lundi (hier donc), je suis allé faire un foot avec les autres gens du Family Housing de l'université (ma résidence). Y'avait des espagnols, des italiens (grrr), des grands bretons, etc. Et bien sûr des américains.

J'arrive, je me présente, on me demande d'où je viens.
- I'm French.

- Ahah !
- Oh, so sorry man...
[Oh, je suis tellement désolé mec...]
- Sorry for your team, dude, how are you coping ?
[Désolé pour ton équipe, gars, ça va tu veux en parler ?]

Et puis y'a un gars qui me dit :
- I'm Irish.
[Je suis Irlandais]
- Oh...
- Year...

- In the name of my people, I would like to apologize for this stolen qualification.
[Au nom du peuple français, je voudrais m'excuser pour cette qualification volée.]
- No, don't apologize... it's so fun that way ! I watch every one of your games. So much fun ! And tomorrow's gonna be legendary* !
[Non, t'excuse pas, c'est tellement plus fun comme ça. Je regarde tous vos matchs. Tellement fun ! Et demain, ça va être énorme !]
- Well, glad you take it that way...
[Bah, content que tu le prennes comme ça !]
- Plus, now we know what blue lame ass penguins look alike, playing football !
[Et en plus, on sait enfin à quoi ça ressemble des pingouins bleus abrutis qui joue au foot]
"Blue lame ass penguins"


Si vous savez plus quoi suivre, amusez-vous avec les USA. Ils jouent un peu brouillon, mais au moins ils s'entrainent, eux.



* je pense qu'il ne l'a même pas fait exprès !

mardi 22 juin 2010

Exploration à l'américaine

Je suis un peu crevé, mais je ne résiste pas à l'envie de remettre une deuxième connerie sur ce blog ce soir. Cette connerie c'est tout simplement mon boulot. Alors ne vous inquiétez, ça va pas beaucoup parler science,  mais juste des trucs marrants de mon boulot, accessibles à tous. On taillera sur tout le monde au passage



Je dois travailler sur une sonde qui va sur un système de deux astéroïdes qui tournent l'un autour de l'autre. Le cahier des charges, jusqu'à présent, c'était de faire atterrir la sonde, ou du moins une partie sur l'astéroïde. Et Vendredi, mon Dieu vivant de la Mécanique Spatiale (mon boss) m'explique un peu plus en détails ce qu'ils vont faire avec la sonde...

Les japonais se sont posé sur un astéroïde, avec Hayabusa, et comme ce nom signifie Faucon, la sonde devait récolter un échantillon de l'astéroïde, comme le faucon fondant sur sa proie et l'attrapant sans même véritablement toucher terre. Classe quoi. Bon, dû à un manque de temps et d'argent qui a forcé les japonais à programmer l'atterrissage un peu sur leur temps libre... je déconne... à moitié. Bref, la manoeuvre a en réalité été davantage digne de l'asteroïssage d'un éléphant de mer sourd et aveugle aux ailes de cire (non, c'est pas joli joli surtout s'il braille en même temps, ce qu'Hayabusa, à sa manière, faisait). Mais bon, dans l'esprit c'était classe.

Les européens, c'est à dire les français et les allemands (essentiellement hé oui), ont voulu faire leur sonde, baptisé Marco Polo. Le mec qui est parti gavé de marchandises vers des contrées lointaines. On l'a donc gavé d'instrument, le vaisseau devait se poser au sol, planter peut-être des grapins, bim bam, se verrouiller sur l'astéro, en autonomie complète, extraire de la roche, prendre des photos du genre de microcosmos avec seulement beaucoup moins de vert et surtout gris. Et donc, complètement obèse et pété d'instruments clinquants, le pauvre Marco n'a jamais décollé : trop de budget tue le budget.

Les américains. Ils ont été impressionnés par les japonais. Enfin surtout par la façon dont ils ont réussi à faire redécoller leur faucon-éléphant de mer et à peut-être le crasher enfin en Australie d'ici quelques mois (edit : merci Anthony, qui nous signale qu'Hayabusa est arrivée il y a quelques semaines déjà en Australie ! Les japonais ont donc réussi à refaire fonctionner un moteur sur 4 et ont pu donc atteindre l'Australie juste avant l'Eté ! Chapeau à eux, c'était pas gagné d'avance). Et ils ont été très impressionnés par la taille de l'enveloppe budgétaire de la version européenne Marco Polo. Et par ce qu'il aurait été possible de faire, si seulement l'Europe avait de l'argent à consacrer à son domaine spatial. Ils ont regardé tout ça et ils se sont dit : "on va faire la même chose, mais bon, en plus efficace."



Donc, mon boulot, ça va être de calculer les trajectoires de la sonde, pour qu'elle puisse BOMBARDER l'astéroïde. Non je déconne pas, je vais lâcher des bombes sur les deux astéroïdes ! Mode Y-Wing dans Rogue Leader (dès que j'ai un film matlab, je vous l'upload les dudes). L'idée scientifique derrière est pas du tout stupide, c'est même intelligent. Et puis y'en a tellement des astéroïdes. Et puis on fait exploser que la surface, on va pas le vaporiser non plus. La mission n'envisage en effet pas (encore) d'embarquer des têtes nucléaires...

- If you wanna know stuff about something... just... blow the shit up and see what's what !
- American way of life, yeeeehaaaaa !!!

Sens de l'humour

J'ai jamais encore eu l'occasion de le dire, mais les américains sont vachement marrants. Déjà ils foutent des blagues partout, surtout dans les moments les plus sérieux.

Quand j'écris un rapport à Supaéro, j'adore mettre des blagues dedans, des ptites boutades. Mais bien sûr quand c'est un minimum sérieux j'enlève tout, ne laissant que quelques traits d'esprit en filigrane, parce qu'en France, ça n'est pas très bien vu de faire marrer son lecteur. Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi mais bon. Bien sûr, quand le rapport est pipeau, cf. Stratégie, là on s'amuse à écrire des florilèges de jeux de mots pourris. Jeu auquel, mon cher Thomas, tu es, je dois l'admettre, bien meilleur que moi !

Aux US, la plupart des bouquins scientifiques, même des fois de cours articles, ont leurs petites blagues. Exemple, sur les points équilibres en mécanique spatial (vous z'inquiétez pas c'est très "lège", et la traduction suit) dans un ouvrage on ne peut plus sérieux :
<< The body has no reason for moving off in one direction rather than another, and unless it receives a small nudge it will stay where it is. This is similar to the situation of the student, who, having two lectures of equal importance at the same, goes to neither. >>
Trad : << Le mobile n'a aucune raison pour se déplacer dans l'une ou l'autre des directions, et à moins qu'il ne reçoive une petite pichenette, il restera bien à sa place. C'est ainsi la même situation que celle de l'étudiant, qui devant assister à deux cours de même importance, ne va finalement ni à l'un ni à l'autre. >>

Bon, c'est pas du Desproges (quoique, en fait ça pourrait être typiquement du Desproges !) mais quand on se tape les intégrales de Jacobi, lire cette petite phrase au milieu d'un paragraphe à mourir de sérieux, ça fait rire et ça détend un paquet. Et ils mettent des conneries un peu partout, et dans tous les contextes, c'est très relaxant. Ils ont l'humour facile dans de nombreuses situations.



C'est pourquoi j'ai été quelque peu déçu par le tombé à plat cuisant d'une de mes premières blagues aux US. Que j'estimais pourtant valide ! Roulement de tambour.

Je suis dans l'aile nord de mon bâtiment, là où je travaille. L'administratrice de mon département (Aerospace Engineering) me montre comment se rendre dans mon labo, sans se perdre. Non parce que c'est vraiment pas simple ! Le cadastre boulderien a, je pense, renoncé à coucher le plan du bâtiment sur une feuille, c'était beaucoup trop eschérien pour poser ça sur des surfaces 2D développables. Il n'existe ainsi aucun plan papier de l'ensemble du bâtiment. Tout juste a-t-on droit devant sa porte à des morceaux choisis, ne couvrant pas plus d'une dizaine de mètre - et ce, encore, à grand renfort d'approximation de projection 2D utilisant l'axiome du choix - permettant de rejoindre l'escalier le plus proche en cas d'incendie. Une fois dans l'escalier, il sera néanmoins préférable de se référer au plan qui s'y trouve, car la sortie n'est pas forcément en bas de celui-ci. Ni en haut non plus.


Bref, là, l'administratrice me dit en me montrant une grosse sculpture de Jupiter (la planète hein pas le bonhomme) :
- See, you go to Jupiter and then it's just beyond.
Et moi de m'exclamer, tout enthousiaste :
- Ahah, of course, Jupiter and beyond the infinite ! It must be full of stars down there...
(pas vraiment utile de traduire ces deux citations)

Jupiter et par-delà l'infini, c'est mon bureau.

Bon d'accord... si vous vous intéressez pas au spatial, je vous en veux pas de pas comprendre. Mais j'estimais qu'une nana qui bosse depuis pas mal d'années dans le département spatial de l'Université du Colorado et qui se tient au courant des avancées de la NASA, des actualités du spatial quoi, devait quand même connaitre ses classiques [ndla : http://www.imdb.com/title/tt0062622/]. Et puis, elle venait de me dire qu'ils avaient eu des mecs super célèbres dans ce département, qui étaient des astronautes, des stars quoi...

Mais bon y'a juste eu un gros blanc...

...
...
...


Et bien sûr, je vais m'enfoncer dans la blague puisque deux minutes après (alors qu'on est beyond Jupiter), elle me montre comment ouvrir la porte du bureau avec la carte magnétique. Moi j'essaye et ça marche pas, alors on réessaye, on réessaye, et là encore, c'était une perche qu'on me tendait pour balancer, dans un dernier essai, un malheureux :
- Open the pod bay doors, Hal.
- What did you say ?
- Oh nothing, just thinking...

Open the pod bay doors, Hal.

...
...
...

Snif...

Nota : dsl pour les blagues de maths.

dimanche 20 juin 2010

Boulder - Premières Photos

Tout le monde me tanne pour que je prenne des photos de cette charmante petite bourgade, c'est donc chose faite. Je suis sorti ce matin avec mon nouvel appareil photo Nikon M530 (premier prix quoi). Et j'ai donc des photos à vous mettre sous la dent.


Voilà donc le Boulder Creek Path. Un chemin qui ressemble beaucoup, dans le concept, au canal du midi. C'est une voie privilégiée pour les vélos et les piétons et ça coupe Boulder en deux. Très pratique pour vite se déplacer à vélo. Ce qui est plus marrant que sur le canal du midi, c'est cet aspect sauvage. Le torrent était calme aujourd'hui, mais il est parfois très impressionnant (comme il y a une semaine :p). La voie serpente avec le torrent, s'écartant un peu de la voie fluviale pour laisser de l'espace à des voies purement piétonnes et des parcs. Voilà quoi ça ressemble quand on l'emprunte à vélo :



Maintenant, ça c'est au nord de l'université. Grimpons donc sur l'University Hill, pour voir ce qu'il y a. Car c'est quand même 'achement beau. Entre style anglais et impression de petites villes de Provence, on comprend qu'on est dans un melting pot assez intéressant. Deux couleurs prédominent néanmoins : le vert des jardins, magnifiques, et l'orange des briques et des tuiles des bâtiments. Quelques photos... (NOTA : n'hésitez pas à cliquer et zoomer sur les photos, j'ai pas fait des photos 4000x3000 pour rien, merde ! ^^)

L'Université est bâti sur une colline, et de quasiment tous les endroits (et fenêtres) on peut observer les environs de Boulder. Ici, nous regardons à l'ouest, vers les Flatirons. Ils ont ce nom car on dirait des semelles de fer à repasser. Hé oui, quand on doit nommer les choses à partir du XVIIIème siècle, forcément on arrive à genre de choses... :)



Deux photos panoramique (avec le mode panoramique de mon appareil photo, qui consiste à coller 3 photos à la suite, et qui est vachement bon je trouve) près du Duane Physics (Duane, Sciences Physiques). Devant un petit espace vert.
(et depuis l'angle opposé)


Un des plus vieux bâtiments de l'Université (donc bâti vers la fin du XIXe siècle, petit lol au passage). Massif, solide, imposant. Anglais.

Broft. Un autre. Ça c'est le Macky Auditorium. Une des salles de concert de l'université.


Maintenant, une allée beaucoup plus provençale. Avec néanmoins une certaine rectitude du tracé, qui ne trompe pas sur l'emplacement d'une telle photo.

Sans style bien visible, la bibliothèque de l'Université nous présente ici une de ces nombreuses façades. Ce machin est en effet énorme. Quand j'ai demandé où c'était on m'a dit "Well you continue straight down this street, and that'll be the big ass building." ("Ben, continue tout droit sur la route, et ce sera... le... gros bâtiment", hmm certaines choses sont difficilement traduisibles).


Et enfin... enfin... (roulement de tambour) mon bâtiment. Qui a reçu à de multiples reprises le titre officieux de "worst facade ever". Oui, l'architecture est très marrante, l'organisation avec les patios intérieures est très sympa... mais la façade... bah disons que c'est pas vraiment ça hein... Et encore sur la photo on voit pas trop le dégoulinant noir... Hum...

En même temps, quand on voit la gueule de certains bâtiments à sup'sup', celui là est encore magnifique ^^.



Sinon, photo très importante : c'est celle de Spip. L'écureuil américain typique. Curieux comme pas deux. Et omniprésent, dès qu'il y a un arbre, il est là. Ils sont des milliers et des milliers ici, sur la vidéo youtube, en cherchant vous pouvez en voir au moins 3. Dès que je descend de chez moi, Spip est là.

Pour cette photo il s'est approché de moi à moins d'un mètre en couinant un peu comme un cochon d'inde ("uiiiiiik"). Traduction probable : "Get off my lawn you motherfucking piece of human !!!" (pour une traduction approximative, cf. la récente altercation Anelka-Domenech, xD).

(Hé oui c'est quand même un écureuil américain ! Private property, man !)

samedi 19 juin 2010

Fox News - Merci TF1 ?

A zapper sur les différentes chaines télé américaines, je suis bien sûr tombé sur Fox News. Fox News, c'est un peu le TF1 américain. Avec tout ce que l'adjectif américain sous-entend de "bigger", "crazier" et "completely republican".

Depuis des semaines, leur sujet principal, c'est BP et le "gulf drilling" (forage pétrolier dans le golfe du Mexique). Comme à son habitude, Fox News met en scène un débat, c'est à dire qu'il y a des gens de tous bords politiques et qui ont des idées bien différentes. Et comme à son habitude, l'objectif du débat de Fox News c'est de démolir avec les arguments les plus spécieux (mais alors vraiment !) les idées qui ne sont pas les siennes.

Pour un exemple, un pauvre garçon essaye d'expliquer que ce problème pétrolier - et l'interdiction de forer pendant 6 mois prononcé par le gouvernement à la suite de la fuite - et l'occasion pour l'Amérique d'arrêter de se gaver de pétrole en permanence. Cela leur permettrait de se concentrer, ne serait-ce que sur le gaz naturel, et bien sûr les énergies renouvelables. Quand on lui oppose qu'on peut aller forer en Alaska, il rétorque que donner plus de drogue à un drogué n'est pas la solution, il faut sevrer les US de leur addiction au "gas".

Ce sont des idées que je partage, néanmoins j'y vois bien quelques défauts, je vois comment on peut les démolir, notamment sur le côté pratique de l'affaire : les ricains sont dépendants à un très haut niveau du pétrole, et pas forcément pour les classes les plus aisées. Les sevrer ça veut dire les faire souffrir. Mais bon, j'estime que le jeu en vaut la chandelle.

Mais sur Fox News, on n'essaye même pas de se poser cette question. Non, le niveau du débat est 0, puisqu'on rétorque à ce pauvre garçon : "I'm dependent on oxygen, so do you want me to stop breathing ?!" ("je suis drogué à l'oxygène, est-ce que pour autant je dois arrêter de respirer ?"). Bien sûr, il n'a pas eu droit de réponse à cette réplique à deux balles, et d'ailleurs je me demande bien ce qu'il aurait pu répliquer à ça si ce n'est "huh... are you... huh... are you a stupid person ?"

Le niveau du débat, tout du long, est vraiment très bas. Jamais ils ne posent ou plutôt ne discutent les bonnes questions : "combien de pétrole a-t-on chez nous ? quand va se produire le peak oil ? que fera-t-on quand on aura de l'essence à 10$ le gallon ?" etc.

J'arrive pas à croire que je dis ça, mais... même sur TF1 les débats sont de grande qualité !

vendredi 18 juin 2010

Le niveau C3 - Taxation Liability

Avant d'arriver dans ce beau pays, j'avais un niveau d'anglais plutôt bon. Il est bien entendu mis à rude épreuve quand je suis dans deux situations précises:
1. La personne avec qui je parlais n'a pas remarqué mon accent et se met à parler comme si elle avait un américain devant elle.
2. La personne avec qui je parle discute avec moi de taxations et de US legislation.


1. Malheureusement très fréquent, car il est dur de voir d'où je viens après un simple hi. Faudrait quand même être mauvais pour mal le prononcer. Mon interlocuteur peut alors avoir le malheur de balancer des phrases peu compréhensibles quand on ne s'y attend pas. Un exemple...

Je suis à la caisse d'un Safeway (Franprix) et là le caissier me balance "Paper Plastic ?". Là c'est à la fois le problème de la langue mais de la civilisation qui fait se demander ce qu'on nous as demandé. La première fois qu'on me l'a fait, à chaud ma première pensée fut si on me demandait si j'avais du papier ou du plastique dans mon chariot. Pensée que j'ai aussitôt classée comme très probablement erronée, mais qui m'a néanmoins fait hésiter avec, probablement encore, un air benêt pendant quelques secondes. Ce avant que mon sens aigu de l'observation ne relève le fait que le caissier qui charge les sacs (oui c'est très rarement le client qui remplit ses sacs plastiques mais souvent un autre gars ou le caissier lui même) était prêt à dégainer un sac en carton (paper) ou un sac en plastique au premier mot que je balancerai. Commence alors dans ma tête un calcul savant : le carton est biodégradable mais fabriqué avec du bois, le plastique ne l'est pas mais fabriqué avec des restes de pétrole. Je suis à Boulder CO, patrie de l'américain écolo. Que faire ? Je répond le pire peut-être : "Whatever..."

Parce que si vous avez bien suivi, je renonce ici à mon droit d'individu consommateur de choisir rigoureusement tout. C'est maintenant au caissier de prendre la responsabilité de mon choix. Et bien sûr, si le sac ne me convient finalement pas, il aura mal servi le customer et pourrait se faire donc sepuku.

J'exagère... quoique ! Après m'avoir lancé un regard étonné, entre la surprise de quelqu'un qui n'a jamais entendu cette réponse après une telle question, et le choc de me voir renoncer à mes droits de customer, j'ai enfin récupéré... un sac en plastique et un sac en carton.


2. US taxe regulation office. Les taxes c'est toujours compliqué. Aux Etats-Unis, c'est pareil qu'ailleurs je pense. Mais quand on ne connait pas le pays et qu'on est pas totalement bilingue dans la langue, on croit parfois lire du japonais (VG à ceux qui lisent couramment le japonais ^^). Encore une fois, exemple :
Do you want to itemize or claim adjustments to income and want to reduce your withholding ?
Personnellement je suis fan de celle-là même si elle ne s'applique pas à mon statut : 
The beneficial owner is related to the person obligated to pay the income within the meaning of section 267(b) or 707(b), and will file Form 8833 if the amount subject to withholding received during a calendar year exceeds, in the aggregate, $500,000.
A froid, on comprend. Quand on te lit la question, et qu'on te demande une réaction, le seul son qui vient c'est "Huuhhhhh ? One more time please ?"

Mais surtout ce qui tue, c'est que je ne suis pas paid, ni compensated, ni on stippend, je suis "reimbursed on a flat basis". La nana du taxation office a même dû à cette occasion sortir son gros bouquin de taxe pour comprendre ce qui allait se passer. Alors qu'elle citait les autres articles de tête (!) quand je lui demandais. Et elle en faisait une traduction.

Au final, niveau taxation, je vais me faire un peu avoir, parce que j'ai un statut hybride un peu pourri qui fait que je vais me taper 14% de taxe... qui me seront remboursées en grande partie à mon retour en France.


Tout ça pour dire que je crois bien que je suis en train de me frotter au niveau C3 anglais. Et c'est pas facile tous les jours, surtout quand ma routine "traducteur" est désactivé dans mon cerveau. Je rappelle, à titre indicatif, que le niveau européen C3, peu connu, est défini en Français comme la capacité à comprendre et pouvoir retranscrire par écrit une chronique de Marc Kravetz (je rappelle aussi à ce sujet que "beuhmmrmr ambeuhtremeum" n'est toujours pas dans le dictionnaire français écrit ni oral, malgré ses usages intensifs par M. Kravetz).

jeudi 17 juin 2010

Différentiel de pression

J'étais tout heureux hier quand j'ai découvert, à mon supermarket à moi, qu'il y avait une section produits du monde avec donc des produits français. J'étais moins heureux quand j'ai vu le prix que ça coûtait. Je n'ai quand même pas réussi à résister à y acheter du roquefort m'enfin...

Toujours est-il que les produits du monde étant hors de prix, il devient difficile de trouver des produits que je connais : les marques US sont vraiment pas les marques françaises. Après tout, c'est aussi ça l'aventure. Mais voilà, Danone existe ici, sous le nom Dannon et commercialise plein de produit qu'on a chez nous.

Me voilà donc il y a quelques minutes ouvrant un pot d'Activia, tout heureux de retrouver un goût familier. Ahah... Cependant, comme nous nous trouvons à 1 miles d'altitude, il faut préciser que tout produit emballé a une tendance facile à l'explosion : la pression étant moindre, ils sont toujours gonflés au possible.

Par exemple, hier, mon voisin vient partager une bière avec moi, je lui devais bien ça. Je vais ouvrir ma porte, et je le vois avec un ballon à l'hélium dans la main gauche, avec une énorme tête d'animal funky dessus. Non c'était juste un paquet de chips made in USA sea-level et amené à Boulder CO 1 mile high. Les paquets de chips sont toujours gonflés, certes, mais là j'étais sur mes gardes prêt à le voir exploser à tout moment.

Quand à l'ouverture de mon pot de yaourt, elle n'a pas dérogé à la règle. J'avais prévu le coup néanmoins et c'est un de mes murs qui a essuyé l'agression et non ma chemise. Heureusement car il a vraiment pris une bonne cuillère. Ça a coulé sur la prise réseau :s.

mercredi 16 juin 2010

Customer Care - Radio Réveil - Fruit Punch

Il faut bien se mettre en tête que les américains considèrent l'individualisme comme une valeur suprême. Dès lors, chaque individu, quand il est client, mérite une attention individuelle toute particulière. Et voilà pourquoi ils ont des services après-vente de folie furieuse ! Exemples.


Radio-Réveil

J'achète un radio-réveil. Le radio réveil fait également "réveil avec des bruits de la nature" genre on entend les oiseaux gazouiller ou la pluie tomber. Cela serait génial si seulement le haut parleur n'avait pas été fabriquée avec deux bouts de plastiques usagés : les oiseaux ont l'air d'avoir tous des guitares électriques et des percussions ethniques tellement le son est saturé. Mais bon... ce n'est pas ça que j'ai acheté dans ce produit, ce que je voulais c'était le radio-réveil.

Je le ramène à la maison, je le branche, tout va bien j'écoute des bruits sympas bon. Je le débranche, je règle qqch et je le rebranche. Et là, drame, il ne marche plus du tout. Il faut dire que pour règle quelques machins, j'ai un peu forcé sur la bête. Mais clairement le truc ne marche plus bien du tout ! Je décide de le ramener et drame : impossible de trouver le ticket de caisse. Bon, je me dis que je vais aller marchander, après tout j'ai du claquer 500 euros dans ce magasin, ils peuvent faire un geste commercial.

J'y vais donc d'un pas décidé, bien prêt à me battre pour échanger le radio-réveil contre un neuf:

- Hi, huh, I would like to return that product.
- Yeah, sure, you want a refund or another ?
- Huh, another ?
- Well, just take what you need, Sir !

Ils m'on même pas demandé pourquoi je leur ramenais !


Fruit Punch

En France, nous avons peut-être une dizaine de sodas différents. Aux Etats-Unis, je pense que c'est indénombrable. Le rayon sodas dans un supermarket c'est vraiment effrayant. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, il est très très très difficile de savoir ce qu'une étiquette signifie sur un produit. Ils n'ont pas les même codes de couleurs ou de mots pour donner au client en une fraction de seconde une idée de ce qu'il y a sur le produit. C'est très déconcertant.

Je suis à un Wendy's. J'ai très faim, je prends donc un Happy Meal (cf. Petit Déjeuner - Los Pollos Hermanos (?!) ). Et bien sûr, il m'arrive un menu Maxi Best Of : je commence à gérer sur les quantités servies. Hum.

Mais arrive le choix de la boisson. Et ils n'ont pas de Ice Tea. Enfin ils en ont mais c'est du thé glacé et pas ce délicieux mélange de sucre et de pêche aromatisé au thé que nous avons en France. Ils n'ont pas du tout de Ice Tea Pêche d'ailleurs. Snif. Donc je choisis un truc qui me parait le moins bizarre "Fruit Punch". J'aurai du me méfier du mot "Xtrem" qui était accolé, mais bon, j'ai lu Fruit Punch, je m'attendais à un truc genre Oasis.

Quand j'ai pu contempler mon verre, j'ignorais qu'on pouvait mettre autant de couleur dans un liquide. Je me demande même si ça n'aurait pas pu servir de lanterne en pleine nuit. Un rouge pétant, genre surligneur stabylo. Et le goût... Et le goût... C'était du syrop, tout simplement, pas un jus, un syrop juste délayé avec un peu d'eau pour que cela soit assez liquide.

Je devais faire la gueule en buvant cette chose, et un des serveurs qui rôdent en permanence dans le Wendy's - pour laver les tables, dire bonjour, t'apporter du ketchup, et surement prendre ta tension artérielle après un "Baconator" - me demande si il y a un problème. Je lui dis que je connaissais pas le Fruit Punch et que bah ça attaque quand même violemment. Et bien entendu, monsieur me demande si je veux qu'on me change ma boisson !

Bon je lui ai ensuite expliqué que y'avait quand même de grande chance que je retombe sur un truc bizarre et que donc mieux valait ne pas gâcher leurs délicieuses boissons. En plus poli quand même.