Le bonus du dimanche !
Juste une petite réflexion que je me faisais en lisant un
article (merci Ben pour le lien). Cet article démonte le dernier livre optimiste sur l'avenir du monde :
Les trente glorieuses sont devant nous. Ecrit par des gens apparemment très
intelligents diplômés, cet ouvrage nous expliquerait comment renouer avec la croissance. Que les trentes glorieuses sont devant nous etc.
L'article montre du doigt quelques erreurs de jugement manifestes des auteures, la principale étant qu'apparemment les auteures jugeraient que les trentes glorieuses, c'était bien : effectivement il suffit de regarder du côté de la croissance, c'est excellent. Si on regarde ailleurs, ça l'est un peu moins tout de suite. D'ailleurs si l'on revenait aux trentes glorieuses, je propose aux femmes de laisser leur boulot aux hommes, et également de ne pas s'inscrire chez Pole Emploi et : je suis sûr qu'on combattra même le taux de chômage ainsi ! L'époque des trentes glorieuses, ça a du bon finalement...
Trêve de plaisanterie. Effectivement, ainsi décrit par l'article que je viens de lire, le livre parait tenir un propos relativement stupide. Non les Trentes Glorieuses ne sont pas devant nous, car les conditions sociales, démographiques, énergétiques et géopolitiques n'ont absolument rien à voir. C'est aussi stupide que de dire que la Révolution Industrielle est devant nous. Non, elle est derrière, elle aussi. Vouloir y revenir c'est faire preuve de ce que la droite critique comme "l'aveuglement de la gauche face aux réalités". Et apparemment, certaines leur donneraient raison.
Mais le livre... ne dit pas tout à fait ça. Le titre est très très très mal choisi et effectivement, et certaines thèses défendues me semblent singulièrement ignorante des réalités (je ne suis pas certain qu'il faille investir dans l'industrie aéronautique de masse par exemple, pas besoin d'avoir fait Supaéro ni le DESIA pour se poser des questions sur son avenir). Mais l'article qui le descend s'incrit dans la pure tendance actuelle du mouvement écolo en France : faire déprimer les gens. Même si au fond, ils portent un autre espoir.
Car il me semble qu'aujourd'hui les courants de pensées à gauche et chez les écolos se balancent sur un fil, et tombent chez chacun dans un excès ou dans un autre. D'un côté, on a la gauche "réaliste" qui, je ne le crains, va finalement faire une politique très centriste, et qui ne sauvera donc pas le pays. Ça évitera ceci dit de l'enfoncer autant que ne le font nos amis du gouvernement actuel mais bon c'est quand même pas la joie... Et de l'autre les écolos, qui disent "on va tout arrêter ici et maintenant, le nucléaire on le remplace par du charbon, et nous devons tous nous résigner -- dans la joie néanmoins ! -- à nous déplacer à vélo quand on veut aller en vacances". Oui j'exagère, mais elles n'en sont pas si loin dans les propos qu'ils (elles) tiennent. J'espère que ça pense différement dans les thinktanks.
Certes la croissance par l'énergie c'est mort. Un m, un o, un r, un t, mort. Oui, il faut arrêter de prendre sa voiture pour un oui ou pour un non. Oui, le nucléaire doit coûter plus cher pour être plus sûr. Oui, il faut progressivement remplacer toute source d'énergie fossile par une source d'énergie renouvelable sans émission de GES et donc payer plus cher son électricité. Mais oui, il faut payer ses dettes et tenir compte, malgré leur stupidité manifeste, du AAA des agences de notation car on est toujours en faute de ne pas pouvoir rembourser un prêt contracté. Oui, il faut arrêter les conneries et donc arrêter de soutenir un endettement croissant, afin de ne pas se trouver soumis à des choix politiques choisis par ses banquiers!
Maintenant entre intégrisme écologiste et intégrisme libéral-capitaliste, je veux croire qu'il existe une voie politique possible. Une voie, ou plutôt une voix qui ne dit pas que devant nous ça va être les Trentes Glorieuses. Une voix qui ne dit pas que devant nous, il faut revenir au début du XXe siècle non plus et s'éclairer à la chandelle.
Une voix qui en améliorant l'égalité, tire mécaniquement ET temporairement la croissance vers le haut pour nous donner une bulle d'oxygène financière (dont nous avons besoin), puis qui taxe progressivement de plus en plus la consommation d'énergie et de ressource (mais ce de façon socialement responsable aussi, les premiers litres d'eau n'ont pas le même usage que ceux pour remplir sa piscine olympique personnelle, les familles doivent pouvoir s'éclairer, mais il serait bien d'éteindre la lumière des toilettes après y avoir fait son oeuvre), et qui redistribue dans l'éducation, l'industrie de pointe et dans l'autosuffisance énergétique. La croissance sans augmentation d'énergie j'y crois. Mais après tout je ne suis pas économiste...
Pendant ce temps, à Matignon, on s'attaque au vrai problème de la France : les fraudes sociales.
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