mercredi 28 juillet 2010

Une petite pause

Coucou les amis,

Un petit message pour vous dire qu'en raison de la venue de mes géniteurs, et le fait que je vais partir avec eux à l'assaut des rocheuses et du désert, je ne vais pas mettre à jour ce blog jusqu'au 10 août environ.

Mais plein de billets sont déjà en préparation avec notamment "Les chiottes de l'ingénieur" et "Géométrie boulderate". Alors... restez postés !

lundi 26 juillet 2010

Tout ça pour un sandwich ?

Boulder, ça veut quand même dire "grosse caillasse" en anglais. Si l'on regarde à l'est, on comprend pas trop. Mais quand on se tourne à l'ouest, alors on voit bien pourquoi la ville porte ce nom. Les Flatirons ("semelles de fer à repasser" pour rappel) dominent en effet largement le paysage Boulderien et les Rocheuses s'imposent au-delà, avec encore aujourd'hui de la neige sur les plus hauts sommets. En fait le seul truc qu'il manquerait à Boulder pour le rendre son paysage encore plus "awesome" (trad : "cool" :p) c'est la mer. Et tout le monde le sait bien ici, aussi certains artistes se sont laissés aller à imaginer le "awesomer"*.

Boulder, California

Vous ne pouvez pas voir les détails sur cette mauvaise photo, mais la ville de Boulder y est très bien représentée, tout juste coupée au sud après l'université. On y distingue même l'Engineering Center ainsi que les autres principaux bâtiments de l'Université. Et j'avoue : ça claquerait sa mère wesh !


Il y a deux semaines, j'étais parti biker dans cette belle contrée. Ne pas comprendre chevaucher une Harley Davidson mais plutôt monter en selle sur mon vélo premier prix qui vaut -- et neuf ! -- moins cher que les accessoires qui l'ornent (lumières avant et arrière, panier, chaîne antivol, puce électronique et bien-sur mini-bar). Avec dans l'idée de monter quelques centaines de mètres, histoire de surplomber le Boulder County.

J'avais remonté le Boulder Canyon Drive, qui comme vous l'avez deviné serpente dans le... Boulder Canyon. J'avais ensuite essayé de passer de cette route à une autre route, malheureusement il y avait des propriétés privées partout et je n'avais pas envie de recevoir du calibre 22 dans les fesses pour avoir odieusement roulé sur les terres d'un fermier boulderate. J'avais donc rebroussé chemin, et le temps n'aidant pas, j'avais été forcé d'écourter ma balade sans avoir véritablement grimpé quelque chose -- et ce contrairement à ce que disait mes cuisses qui objectèrent d'ailleurs furieusement les jours suivants.

Mais j'avais déjà eu l'occasion de voir de bien belles choses. En effet, j'ai pu contemplé THE Boulder, le rocher qui donne son nom à la ville. C'est effectivement un bien beau rocher. Jugez plutôt :

Boulder's boulder's boulder.
(trad : Le rocher de Boulder est un rocher)

Mais également au programme, j'avais pu contempler d'étranges sculptures sur l'eau. Une preuve certaine de l'existence d'extra-terrestres à Boulder, Colorado.

Les pierres aussi ont le droit de faire du yoga dans la Boulder Creek

Mais bon, je ne voulais pas suivre les routes. J'ai voulu tracer mon chemin. Aller plus haut, aller plus haut. Où l'on oublie ses souvenirs. Aller plus haut, aller plus haut, se rapprocher de l'avenir. Allez tous en coeur !!! Hum...

Donc je voulais gravir le Mont Audubon. John-Jack Audubon, c'était un frenchie, encore un. Il a étudié plein d'oiseaux et il adorait ce pays. Donc les Américains l'honorent à plein d'endroits, un mont par-ci, une fondation par là. Alors pourtant qu'il a jamais mis les pieds au Colorado. Mais faut bien donner des noms... :p Le Mont Audubon, c'est déjà une belle bête puisqu'il culmine à 13223 pieds, soit 4030 m. J'ai proposé ça au labo, mais ils ont tous trouvé des excuses pour se défiler. Seul Fred a accepté le challenge.

Nous sommes donc partis à deux Samedi matin, vers 8h, pour vaincre le géant. Et alors que je sors juste de chez moi, je vois ça :

WTF ?!

Un cerf se promenait tranquillement sur mon parking, à brouter les feuilles comme si de rien n'était. J'étais habitué maintenant à voir des écureuils tous les dix mètres, des ratons-laveurs le soir, et même des moufettes, sans parler de la tripotée de souris et de mulots. Mais le cerf dans le parking c'était une première. Pour ceux qui pense que c'est photoshoppé voilà une vidéo de la scène. Je rappelle que mon appareil photo a un zoom quasi-inexistant.


Avec Fred, on a regardé l'animal sans y croire pendant quelques temps, puis on a finalement décidé de mettre pleins gaz vers le Lac Mitchell, notre point de départ vers Audubon. Nous sommes arrivés assez tard, et nous avons dû garer la voiture à une borne du point de départ de la piste, car la région est assez touristique. Nous allons emprunter le chemin quand nous tombons sur un panneau terrifiant, indeed :

Un lion des montagnes, ça n'est jamais qu'un gros chat, hein... enfin... quand même...

Mais bon, nous avions chacun laissé nos dernières volontés dans la voiture donc nous serons en paix avec nous-mêmes, le cas échéant où un troupeau de cougars (rrrrrrrrr !) nous tombait dessus en pleine ascension. Et puis nous avons également chacun un couteau (bon moi c'est un couteau à bout rond, mais hey on fait ce qu'on peut). Nous commençons donc la grimpette des 1000 derniers mètres, puisque c'est à peu de choses près le dénivelé du sentier.

Inutile de vous dire que c'était absolument magnifique. Je ne peux pas mettre toutes les photos ici mais de toute façon, ce ne sont pas des expériences qu'on résume avec des photos. Imaginez simplement un sentier qui commence entre les pins, qui serpente gentiment avant d'exposer les premières montagnes alentours, gentiment grignotées par les nuages, quelques mille pieds en dessous de vous. Et encore, ce n'est que le début. Car cela grimpe comme ça sur environ 200 mètres de dénivelé, tout doucement. Ensuite, on marche à découvert sur un sentier qui s'assimile de plus en plus à un vague tracé sur un tas de cailloux. Au bout d'environ 750m de dénivelé on atteint la base du Mont Audubon, à proprement parler.

Le panorama à mi-parcours. On pourrait s'arrêter là non ?
(cliquez-moi pour voir les détails)

Mais qu'est-ce que le Mont Audubon ? C'est avant-tout un gros tas de cailloux. Littéralement. L'appellation "les Rocheuses" ne m'a jamais semblé aussi criante de vérité. Les plus gros blocs font peut-être un mètre de diamètre, les plus petits sont des galets. Et il n'y a plus de sentier ! Il faut grimper -- escalader serait plus juste -- les derniers deux cents mètres comme un grand. Avoir couru sur les rochers des plages bretonnes dans sa jeunesse, ça aide. J'ouvre ainsi la trace, testant chaque rocher, chaque prise, car Fred est hésitant. Il faut dire que c'est difficile. Depuis 1/2h nous avons mal à la tête, et je pleure désormais à chaudes larmes. Non par pour l'émotion, du tout, mais par réaction physiologique à l'altitude et la sécheresse. Arrivé à mi-parcours cependant, nous faisons la rencontre tant redoutée : un animal sauvage se dresse devant moi, à quelques mètres à peine, et me crie dessus.

The Vorpal Marmot
(trad: la marmotte vorpale(=tueuse), en référence au lapin des Monty Pythons)

Le petit être est bien courageux car il m'a tenu tête alors que j'étais à moins d'un mètre cinquante. Sa maison se trouve probablement juste sous le gros caillou. Nous continuons donc sur les derniers mètres... et en fait il en restait encore vingt derrière... puis encore quinze. Ça n'en finit pas. Mais une fois arrivé tout en haut, c'est l'exultation. Nous dominons toutes les montagnes immédiatement aux alentours et avec peut-être 20km de visibilité le panorama est ahurissant. Il est 13h30 nous en profitons pour grailler. Et j'ai bien sûr amené un saucisson !**

Le Frenchie déguste son saucisson. 
(mon béret et ma baguette sont hors-cadre)

Nous restons là une demi-heure. Nous aimerions rester plus longtemps mais les nuages qui montent vers nous du nord ne m'inspire guère. Et redescendre les rochers ne va pas être facile. Je me rappelle de mes souvenirs de météorologie en pilotage concernant la montagne "La seule chose dont tu peux être sûr en montagne, c'est que ça peut toujours partir en sucette en moins de dix minutes." Nous écourtons donc la pause et nous descendons, au moins histoire de ne pas avoir à redescendre la pile de caillasses sous la pluie ou la neige. Quand même, c'était agréable, là haut...

Parce que Supaéro, ça laisse des habitudes...

Et pourquoi avons-nous gravi cette montagne ? Bien sûr pour la découverte, la liberté, etc. Mais aussi parce que nous allons avoir un sandwich gratuit ! Toute photo sur un mont assez élevé de la région donne un repas gratuit dans une sandwicherie de la colline de l'Université.

Donc... tout ça... pour un sandwich ?




* A ceux qui pense que c'est une faute : oui c'est vrai, mais tout le monde parle comme ça ici !
** Une saucisse sèche italienne. Plus proche d'un chorizo que d'autre chose.

jeudi 22 juillet 2010

Emission de variétés

Malheureusement, je ne vais pas commenter le dernier album de Tokio Hotel. Quoique, ça pourrait être amusant, enfin 2 minutes hein, après ça passerait le cap de la souffrance. Mais non.

Non, je discute de cet "objet" étrange qui s'appelle la variété. En anglais on dit "manifold" -- et non ça ne veut pas dire, dans ce cas, collecteur d'admission. En Allemand, on dit Mannigfaltigkeit -- enfin plutôt on écrit, parce que pour le dire il faut se lever tôt. En italien, on dit "ma che è questa merda ?", et en espagnol à peu près pareil. Je parle de ça :

Poire, bouteille, colon hypertrophié fou, on y voit ce qu'on veut hein...

"Hmm... magnifique !" Non je vois bien à vos yeux perplexes que vous doutez quelque peu de l'intérêt de la figure. Après tout ce n'est qu'une sorte de grosse poire qui se recourbe et se rendre dedans. Klein y voyait une bouteille, lui. Alcoolique ! Le problème c'est que personne -- sauf peut-être Poincaré -- n'a jamais su la forme que ça a vraiment : ce bouzin n'existe pas à l'origine en 3D... mais en quatre ! Boulot oblige, je vois désormais ça partout. Quelques explications avant d'en venir à un nouveau choc culturel. Promis, ce sera frais et léger. L'explication pas le choc.



Si vous regardez davantage l'ignoble dessin de la bouteille, vous remarquerez -- ou avez peut-être déjà remarqué et là vous êtes très forts -- qu'il y a un problème. En effet, où est l'intérieur de la bouteille ? Mettez-vous sur la surface de la bouteille et parcourez là, vous reviendrez vite au même point mais à l'envers. C'est en effet la même que chose que the famous ruban de Möbius (attention certains mots piquent les yeux), mais cette fois il n'y a pas de "bord" à la figure.

Quand Mobius rencontre la politique étrangère américaine... ça fait mouche !
(dsl pour les non-anglophones, pas de traduction cette fois, pas possible ! :p)
( (c) Tom Tomorrow )

Allez, emballez, c'est plié. Minute papillon ! Certes, le côté ruban de Möbius rendait la figure bizarre. Mais y'a autre chose... Le truc qui rend cette bouteille un poil moche, c'est le fait qu'elle s'intersecte : le col passe à travers le corps principal. Mais en fait c'est pas vrai... Sur l'image montrée, c'est vrai. Mais... en fait... c'est faux ! C'est parce que cette figure n'est pas originellement en 3D, je vous le rappelle, elle est en 4D*. Et en 4D, elle ne se coupe pas ! Mais si comme sur le dessin on essaye de la foutre en 3D, elle se coupe... (>_<) ...

Mais non c'est pas compliqué ! Regardez : faites un noeud simple avec une ficelle, bon vous n'avez pas coupé la ficelle ? Maintenant dessinez au crayon votre noeud sur une feuille de papier : vos traits se croisent forcément, formant sur le papier une sorte de bretzel -- surtout si vous avez faim à ce moment-là. Vous êtes passés de trois dimensions à deux dimensions, ça a créé un drame pour votre magnifique noeud et un gargouillement dans votre ventre. D'ailleurs, le vrai bretzel ne se coupe pas en son milieu, c'est que les bretzels tout durs d'Ancel qui se croisent à cette endroit, les vrais se torsadent. Il faut donc bien imaginer que le col de la bouteille ne passe jamais au travers du corps principal : il passe à côté, dans la 4D, tout comme la ficelle ne s'est jamais interpénétrée, grâce à la 3D, pour que vous réussissiez votre noeud -- ou alors vous devez en bousiller des lacets.

Unrelated picture is unrelated (et pourtant : ça donne faim hein ?)

Alors quel rapport avec ce que je fais ? Bah il faut imaginer que je suis en train de me débattre avec ce genre d'objets funky. Ces objets bizarres sont un cas particulier -- extrêmement particulier même -- de "variétés" mathématiques. La notion de variété en mathématiques est en fait littéralement "apocalyptique" (de apo-kaluptos, c'est à dire "qui enlève le voile") tant sa véritable définition est inaccessible au commun des mortels -- même après avoir bouffé deux ans de classe prépa -- mais a également permis de révéler à la physique moderne l'essentiel de ce qu'elle connait actuellement (de la relativité générale à la mécanique quantique).

En gros, ça a été inventé au début du XIXe siècle et érigé en monument de réflexion au début du XXe. Ce qui dit tout. En effet, tous les mathématiques avant le XIXe sont compréhensibles. Les gars font des calculs balèzes mais tout est lisible, et puis les concepts sous-jacents cassent pas trois pattes à un caneton. Puis de 1800 jusqu'aux années 1950 et l'invention de l'ordinateur -- qui a alors transformé la population de matheux en grosses feignasses du calcul a la mano -- on dirait que les mathématiciens se lâchent : ils se rendent malheureusement compte qu'on peut totalement se passer de dessins et de sens commun pour faire des maths ! Et avec la mode du pavot et de l'absinthe qui s'installait, ça a donné les plus brillants théorèmes qu'on connaisse, encore aujourd'hui...

John Poincaré tire sur un bédo avant de s'attaquer à une variété de C2 (4D oblige)
(photographie d'époque)

Mes variétés n'ont pas la forme d'une bouteille. En fait, j'ai aucune foutue idée de la tête qu'elles ont, mais bon, je pense qu'elles se croisent un peu comme la bouteille. Disons, que le contraire serait sacrément étonnant. En effet, moi c'est même pas en dimension 4, mais plutôt 18... donc vous imaginez donc bien qu'y a pleins "d'endroits" où se faufiler pour finir par donner un truc incroyablement abscons une fois revenu 3D ! Enfin je vous rassure, au délà de 4, c'est plus le nombre de dimensions qui compte... on voit rien, point barre. Enfin bon, en faisant quelques efforts je peux ramener ça à 6. Ce qui représente 3dimensions x2 donc rien de bien différent du monde, perçu par les caméléons (putain les pauvres) ou un mec bourré. On s'étonne que John Poincaré disait voir jusqu'à la 6ème dimension : boudu, lui suffisait de se finir le cabinet à alcools et se gaver d'absinthe de pneu. Finalement, tout ça n'est donc bien qu'un problème de bouteille. 

En tous les cas, je comprends rien à ce que je manipule. Et j'y vais donc allegro furioso (alla supaero), comportement typique de l'ingénieur -- et ça s'intensifie si celui-ci est supaérien -- face à des mathématiques un peu poussées. "Mais pourquoi tu nous as causé des immersions non-plongées des sous-variétés topologiques de R4 ? (oui c'est bien ce dont nous avons discuté ici, ça fait peur hein...)".



Eh bien, hier, j'en ai eu marre de bouffer du Wikipédia, j'ai dit : je balance tout, je vais aller voir un être humain et il va m'apprendre toutes ces joyeusetés. Et donc, je recherche sur le site de l'université du Colorado qui sont les PC men et women (les jeunes profs) qui traitent des variétés, et si possible de mécanique hamiltonienne -- d'ailleurs si vous voulez, on peut en parler de ça aussi, mais c'est moins sexy que la binouze à Klein. Et je vois, sur le site, deux ou trois cours qui pourraient fort m'intéresser. Ô joie, ils commencent début Septembre!

Et c'est là que l'ami Mac -- qui avait dû m'espionner rah le sioux -- me demande, intrigué, si je vais prendre des cours ici, puisqu'il connait mon statut de "alien scholar" (écolier ou scolaire, au sens ancien du terme, étranger) et non de student (étudiant). Je lui dis que je compte juste assister à ces cours là, comme ça, en auditeur libre. Et là, je me rend compte de mon erreur fatale... Auditeur libre se dit juste "auditor" en anglais. Il manque le côté "free" non ? Bah oui, faut payer bonbon pour assister à des cours là-bas. Non pas que les cours soient gratuits à l'Université en France, mais bon, quand on bosse à Supaéro, ça m'étonnerait qu'on ait pas le droit de venir squatter un amphi. En fait, ça permettrait même de faire effet de population dans l'amphi, et ça nous éviterait tous ces discours sur l'absentéisme en cours d'optique. Le BDE devrait sérieusement envisager de créer un réseau d'élèves "réservistes" appelables à la demande pour remplacer les grasse-matineurs et les flemmards.

Damned. Je me renseigne un peu avec lui sur le prix que ce serait. On hésite un peu, et on suppose que je ne vais pas payer les frais universitaires généraux. En supposant que mon statut se transfère à un statut avoisinant. Et que la personne du bâtiment administratif signe un peu vite la paperasse. Bon. Bah les cours que je voulais me reviendraient à 2000 euros environ. Je ne dis mot, et ré-ouvre promptement mes 10 onglets Wikipédia.

Ça c'est mon environnement de travail depuis 3 jours : lisez donc le titre des onglets pour vous marrer.
(je tiens à préciser que je n'ai affiché ici que la moins violente, et de loin, des pages)

Mais bon, j'insiste, je m'étonne, je trépigne, je m'exclame qu'il doit quand même bien y avoir des dérogations possibles, pour juste venir, s'asseoir dans un coin sans rien dire et sans valider le module. Je veux bien même me cacher sous un drap s'il faut ! Fred arrive en renfort, pour expliquer que c'est effectivement possible si mon prof connait l'autre prof, qu'il me signe un papier et si Mars est en conjonction avec Saturne le dernier samedi du mois où la demande est faite ça passe. Alors qu'il ne s'agit quand même de prendre quelques dizaines d'heures de maths, bourrins en plus. Et puis zut, Lagrange et Poincaré, les grands nababs de ces machins-là, ils étaient Français, alors hein, copyright République Française... 

Grumpf. Pour pas dire autre chose. Wikipédia me re-voilà...



* Pour ceux qui ont du mal à voir en 4D, voilà une astuce : visualisez un espace de dimension n, et puis prenez n=4.

mardi 20 juillet 2010

The more the merrier

[trad : plus on est de fous, plus on rit]

Revenons à des choses un peu plus sérieuses que ces glaçons de l'enfer... mais promis dès que j'ai appliqué le procédé expérimental d'Enguerran et que j'ai des résultats, je vous reviens. En effet, parlons un peu de mon labo.

Jusqu'à présent, c'était un mix entre un open space (trad : plateau ouvert) et un cimetière. J'ai envie de dire qu'on y bossait donc à tombeau ouvert. Hum. Enfin bon, c'était un peu mort quoi. A part l'ami Mac, qui commentait régulièrement les résultats des Mets (trad : l'équipe de baseball de New York) y'avait pas grand monde. De temps en temps, Steve, le responsable du réseau informatique, venait faire quelques branchements ; quitte parfois à travailler sous nos bureaux pendant que nous même y travaillions, situation étrange et... embarrassante.

Parfois également, les électroniciens d'à côté venaient utiliser notre congélateur qui n'abrite pour l'instant que de la vodka, du pastis et du rhum rien. Et ce afin de refroidir l'équipement éléctronique très sensible qu'ils manipulent. D'aucuns diront "Attends l'université a des supers pelouses bien entretenues, entretien un bison de 800kg, et tout... et n'a pas le budget pour donner à ces gars là un congélo alors qu'ils en ont besoin : y'a une vraie dichotomie là !". Ce à quoi je répondrai, avec hauteur, "fair enough" (trad. littérale : "assez juste"). En effet, "fair enough" semble être, ici du moins, un équivalent RIGOUREUX du fameux "C'est pas faux!" de Caradoc, rendu célèbre par Perceval. Je commence à l'utiliser d'ailleurs quand on me cause de trucs aussi incompréhensibles que de crwoissant au chocolat. Et, by the way, Angela m'a confié connaitre bien les croissants au chocolat : apparemment ça existe en Suisse Haute-Savoie. Diantre, il va falloir ré-annexer la province...

Notre laboratoire se peuple donc peu à peu. Nous avons doublé de taille la semaine dernière avec l'arrivée de Loren et de Fred. Deux hommes, malgré le prénom du premier. C'est parce qu'aux Etats Unis, pour savoir si un prénom est masculin ou féminin, quand c'est un peu exotique (=français) faut juste regarder s'il y a un e à la fin. Par exemple : Maxime c'est féminin, René (sans e !) c'est féminin, Jule c'est féminin (en fait celui-là vient de Jewel et pas de Jules...). Ils sont forts les ricains, damn !

Fred vient du Brésil : ça fait du bien d'avoir quelqu'un à qui serrer la paluche tous les matins. Hé oui, les américains, une fois et c'est pour la vie ! Faudrait quand même pas mélanger les microbes trop souvent. Et puis j'ai trouvé avec qui parler pour tailler bien comme il faut -- et louer également quand il le faut -- les Etats-Unis d'Amérique. Remarque je ne suis pas très honnête : ils sont très bons publics pour se foutre de leur pays les Américains. Notamment, tous les ingénieurs et scientifiques américains ont conscience de leur "backwardism" (trad : "retard") sur les unités utilisées en physique, comme vous avez pu le constater dans le billet d'hier. Mac m'a d'ailleurs confié que quand il a découvert l'existence du système métrique, il avait envie d'aller abattre au Desert Eagle tous les haut responsables de l'éducation nationale de leur pays pour les avoir maintenuv dans un système décadent. Ça c'est parce qu'il était jeune et idéaliste. Aujourd'hui il y serait allé au pompe :


Mac va faire un tour à l'office des Poids et Mesures des Etats-Unis d'Amérique 

Vendredi dernier, c'était ainsi l'occasion de se faire une petite sortie dans les bars boulderates. Nous nous sommes dirigés à 7 (on a réussi à s'agréger les électroniciens en mal de congélo) vers un snack-bar. On y a bien bu et grassement bouffé.

On a commencé par des nachos. Mais à la mode américaine, c'est à dire que : tu prends un grand plat... non ça c'est un grand plat français, tu dois prendre un grand plat. Le truc genre enjoliveur de tracteur. Bon, tu vides ensuite un paquet de nachos (ce qu'on appelle souvent chips tortillas en France, pour une raison bien mystérieuse). Pour le français moyen, cela revient donc à vider plusieurs paquets de nachos format familial extra large +50% gratuit dans l'enjoliveur de tracteur précité. Ensuite tu vides une marmite de haricots rouges et de maïs sur les nachos. Non, ça c'est une cassolette, même si tu la portes à deux mains, j'ai dit une marmite. Et tu déplaces -- à la grue, boudu, va pas te ruiner les reins ! -- l'ensemble sous une bétonneuse à jack (c'est un fromage, pas le capitaine Sparrow) et à crème fraiche pour achever l'édifice mexicain, qui tient d'ailleurs beaucoup dans sa taille et sa compacité de Chichen Itza. Puis avec la même grue tu transfères ça sur une table d'américains affamés.

Un distributeur de fromage fondu typique, que l'on trouve dans la plupart des restos aux Etats-Unis

Pour ma part, j'ai découvert un concept absolument... gras. Non parce que les nachos, c'était encore acceptable. Please welcome sous vos applaudissements : les frites au fromage. On frôle probablement le demi-point Daste en terme de fatisserie*. Le concept est simple, tu fais des frites, puis tu rappelles la bétonneuse et tu verses dessus une demi-motte de cheddar fondu. Trop génial ! Les Américains ne mangent pas de fromage comme ça : il faut forcément que ça accompagne quelque chose -- ça peut-y pas accompagner le pain, tudiou ?! En tout cas, voilà encore une idée magnifique pour que l'industrie du cheddar prospère.

La portion typique pour bébé ou apéritif de cheese french fries... ouf... je me sens pas très bien, je vais... juste aller...

Ceci étant, ça attaque : la nuit j'ai sué le gras pendant  des heures dans une sorte de demi-sommeil agité. J'ai même rêvé que j'étais une sorte de burrito géant qui s'enveloppait dans son drap-tortilla. Enfin bon ça c'était peut-être pas qu'à cause des frites...



* L'échelle de Daste mesure la densité de gras dans un plat. Il fonctionne sur un système traditionnel donc... impérial : 15 points fat font 1 point taurin ; 5 points taurin font un point Daste. Actuellement, les physiciens ne sont pas encore certains que le point Daste puisse être atteint dans l'univers connu. Le plus haut point atteint à ce jour sur l'échelle de Daste le fut par le "Richman Kebab" bratislavien, noté à 4,37 points taurins. Veuiller noter que le beurre ou l'huile purs ne montent chacun guère qu'à 4,1 points taurins.

lundi 19 juillet 2010

Le déclin de l'impérialisme américain

Il y a quand même un truc sur lequel les américains ont de très sérieux progrès à faire. Un truc, qui les fait passer au mieux pour des excentriques et qui donne à tous leurs scientifiques et ingénieurs des maux de tête quand il s'agit de faire des calculs. Ce truc, c'est leur système d'unité, dit système impérial. Moins pire que les anglais à leurs heures de gloire (ils sont métriques maintenant, eux !). Mais quand même bien étrange.

Les Américains apprennent très tardivement dans leur vie l'existence d'un système d'unité adapté à la science.
(Trad : "Ceci est le module d'introduction à la physique 101, qui est aussi inclus dans le module Etudes des Fusées 651.") ((c) Tom Swanson)

Mais plutôt que de se marrer avec les classiques pieds et pouces, allons examiner une unité un peu folklorique de ce système. Les Américains semblent raffoler -- tout du moins les professeurs américains et ceux qui écrivent les bouquins -- de cette magnifique unité qu'est le slug (trad : limace). Un slug est en fait une unité parfaitement logique dans le système pound-feet-second (livre-pied-seconde*), et cela la rend malheureusement complètement inepte pour n'importe quel d'autre.

A la base, c'est ça une slug et ça aurait du le rester !
((c) Kjetil Lenes, sous Creative Commons)

Le slug, c'est la masse qui accélère d'un pied/s² quand on lui applique une force de valeur une livre-force (c'est à dire une livre que multiplie la constante de gravitation à la surface de la terre, qui vaut 9,81 m/s², donc 32.19 pieds/s²). Ce qui est marrant, c'est que le slug peut-être découpé en douze pouces baptisés donc "pouces de limace", ce qui, en anglais et condensé, donne slinch (slug-inch), parfois aussi francisé en slugette ! 12 slinches ou slugettes valent donc 1 slug.

En même temps, si la limace qui a donné son nom a l'unité avait vraiment fait ce poids là -- enfin en physique on dit plutôt cette masse là -- et bah, putaing' cong' elle la méritait son unité quoi !

Un commentaire, Jabba ?

Mais précisons cette querelle, pour les lecteurs de ce blog qui ne comprennent pas forcément pourquoi je fais tout un foin d'une simple différence d'unités physiques. Actuellement les physiciens/ingénieurs/gens-normaux-qui-calculent-des-trucs-avec-des-unités utilisent le système le "MKS" (mètre-kg-seconde), et les cosmologistes et les chimistes -- comment ça "ils sont pas comme nous" ?! -- utilisent le décadent "CGS" (cm-gramme-s). Ce dernier reste quand même très facile à utiliser et même si certaines unités peuvent faire marrer, c'est juste parce que le MKS moyen n'y est pas habitué. Car le CGS est quand même un système "métrique", il est juste légèrement décalé. Car les chimistes et les cosmologistes sont des gens honorables.

Et puis il y a les Américains. Qui font dans l'impérialisme. Tant dans leurs calculs que dans leur politique finalement.

Une jolie carte (cliquez-moi !) qui montre la date à laquelle les différents pays du monde sont passés au système métrique. C'est quoi ce beau petit vert pétant au milieu de l'Europe, hein c'est quoi ? ^^ (source : Wikipédia)


Ce qui peut paraitre, pour des non-scientifiques, une simple histoire de se trouver des références communes entre étudiants de l'univers, est une observation tout à fait objective : le système impérial (anglais et américain principalement) est quand même fondamentalement fait pour emmerder le mec qui fait un calcul : c'est en base 12 (ou pire). Or, même les Anglais et les Américains écrivent aujourd'hui en base 10. Et c'est parce qu'on compte en base 10 que tous nos systèmes d'unités sont de 10 en 10 (mm, cm, dm, m, dam, hm, km, etc). Parce c'est plus simple !

Exemple 1 : combien font 89 cm + 26 cm ? Réponse immédiate 115 cm, et transfert immédiat à 1150 mm et 1,15 m. Ou encore 1,15*10^-3 km.

Exemple 2 : combien font 3 pieds et 5 pouces + 7 pieds et 11 pouces ? Réponse immédiate 10 pieds et 16 pouces... Oui... oui... mais ça fait combien 16 pouces ? Ah... bah ça fait 1 pied et 4 pouces. Ok donc au final on a 11 pieds et  4 pouces. Et donc en yards ça nous fait ? Bah 3 yards 2 pieds et 4 pouces. Okay, mais si je veux avoir un seul chiffre avec tout ça ? Ah bah ça fait 3 yards + 2/3 yards + 4/36ème de yards. Attendez je prends la caltos, je vous reviens...3.7916667 yards. Bon. Mais en miles ça fait combien ? Et le slug, il lui faut combien de temps pour parcourir cette distance avec sa livre-force ? AAAAAARG !

Ce qui est trivial dans le système métrique devient, en unités impériales, le dixième cercle de l'Enfer. Alors, les jeunes scientifiques américains, las de se casser les noisettes à faire des erreurs de calculs n'importe où et pour rien, arrêtent un jour ou l'autre d'utiliser leurs unités et passent en unités métriques. Définitivement. Cette transformation semble d'ailleurs se révéler être une sorte de rite de passage à l'âge adulte pour eux.

- So, it was like 10 km away... uh sorry uh like 6 miles.
[Donc, c'était à à peu près 10km... euh désolé à 6 miles.]
- You know, Simon, it's okay, now I... uh... I'm in the metric system.
[Tu sais, Simon, c'est bon maintenant je... euh... j'utilise le système métrique.]
- Whaoh, that's... good, i'd say ?
[Ouaoh, c'est... cool je suppose ?]
- Year... It's something every single american scientist has to do someday. But then... it's difficult, because you can't speak with your family anymore, or your friends. You can't comment on the weather anymore... But then, when you go abroad, people don't think you're a retard. It's a choice.
[Ouais... C'est quelque chose que chaque scientifique américain doit faire un jour ou l'autre. Mais bon... c'est difficile, tu peux plus causer avec ta famille, ou tes amis. Tu peux plus discuter du temps qu'il fait [ndlt: à cause des °F]. Mais du coup, quand tu vas à l'étranger, les gens ne te prennent plus pour un abruti. C'est un choix de vie.]
- Oh...
[Oh...]
- But I have a dream. A dream that someday, every bottle of every liquid will be printed with liters, every chicken roast quantified by a kg mass. And in every science book, the gravitation earth acceleration will be 9.80665 m/s²...
[Mais je fais un rêve. Un rêve qu'un jour, toutes les bouteilles seront indicés en litres, que tous les poulets rôtis seront quantifié par une masse en kilos. Et dans tous les livres, la constante d'accélération terrestre sera de 9,80665 m/s²...]
- You should go into politics, dude.
[Tu devrais faire de la politique, mec.]

Alors, bon, les Anglais étaient -- il n'y a pas si longtemps que ça -- encore bien meilleurs que les Américains hein... Avec notamment le furlong (trad littérale : "longueur de fourure"), qui est la distance moyenne sur laquelle un cheval attelé peut tirer un soc dans un sol meuble sans être fatigué. Pas mal hein ? Pour votre info, cela fait 40 baguettes. LOL ! Bon allez, plus sérieusement ça vaut 1000 pieds. Enfin en pieds anciens hein ^^ ! Bon j'arrête de me marrer, ça fait 660 pieds (modernes). Comment ça vous connaissez pas les pieds ? L'unité qui fit se crasher Mars Climate Orbiter parce qu'ils l'avaient pas convertie en mètres ?** Bon... ça fait 201,17 mètres.

 
[trad : "Hey, les gars, c'est par où Mars déjà ?"]


Mais même sans le furlong, à avoir des données en slug, feet, ounces, pounds-square-inch (le fameux psi) , british-thermal-unit (le moins célèbre mais tout aussi cocasse btu), etc... on se demande vraiment comment ils ont fait pour marcher sur la Lune... D'ailleurs la NASA est officiellement passée au système métrique, en 2007. Et c'est pour ça qu'ils arrivent plus à rien faire voler : ils sont coincés dans leurs calculs.

- Hey les gars, j'ai le poids de la navette en slugs, ça fait quoi en kg ?
- Beuarh...
- Beuarh...
- Beuarh...


* Arrivé là, on est normalement déjà mort de rire.
** En fait c'est ce que dit la légende. La réalité est bien une erreur d'unité mais de mesure d'une force (livre-force contre Newton) et non de distance. Cependant cela revient, en définitive, à la même erreur, une fois les calculs arrivés à leur terme.

jeudi 15 juillet 2010

Paranormal Activity - Return of the Deadly Glaçon

(Paranormal Activity est un film sorti en catimini en 2007 et véritablement en 2009 et qui fait peur si on a bu une ou deux bières avant)

"Quoi encore une histoire de Cthulhu et ton pommeau de douche à la con ?" Non... promis je ne citerai plus la Bête. Et puis c'est quand même un blog sur les Etats-Unis pas tellement sur mon imagination devant les puissances démoniaques. However... force est de constater que y'a des choses étranges qui se passent dans mon appartement avec l'eau. Après l'épisode de "la flaque incompréhensible", voici présenté "le mystère des glaçons".

Bon, tout le monde doit normalement savoir à quoi ressemble un glaçon. Ce qui est bien, aux Etats-Unis, c'est qu'ils ont les mêmes que chez nous : de jolis petits cubes arrondis. Rigolez pas y'a plein de trucs qu'on peut croire que c'est la même chose, et que ça l'est pas du tout. Par exemple un crwoissant. Même si dans ce cas, en fait c'était la même chose. M'enfin c'est l'idée. Et puis rappelons-nous qu'il existe encore le "chocolate crwoissant". Et je pense -- mais peut-être y avez-vous déjà pensé -- que cela pourrait se révéler être tout simplement... un pain au chocolat / une chocolatine pour les extrémistes du sud-ouest !

Bref. Un glaçon. C'est plat. Du moins, jusqu'à mes quasi-23 ans, c'est ce que je pensais. Maintenant je sais qu'il existe des glaçons qui ne sont pas plats... Et attention, je suis en pas en train de vous faire monter le suspens pour une petite bossette, non ! Mais allez, en voici une photo, jugez par vous même :

WTF ?! 
[trad : "Putaing', cong' ?!"]

Voilà. Vous voyez cette belle b... ce stalagmite fièrement dressé ? Et bah je n'ai aucune idée de ce qu'il fait là, quand j'ai sorti le rack à glaçon, ça a été la stupeur, l'effarement. Et ce n'est pas, en fait, la première fois que ça m'arrive. Mais la première fois, j'avais fait sortir les glaçons de leur bac avant de les regarder et les stalagmites -- il y en avait plusieurs alors -- s'étaient pétés dans l'évier. Il m'avait été difficile d'investiger véritablement la chose.

Mais devant un tel phénomène, je décidais de faire fonctionner mon cerveau d'ingénieur, afin de résoudre ce mystère. Parce que c'est quand même mystérieux. J'ai élaboré 3 pistes de réflexion. Ahem...



1. Mon congélo n'est pas humide/givré donc la formation naturelle du stalagmite, qui normalement, quand il est de glace, est formé par l'accrétion d'eau en un point précis, n'est pas possible ici. De plus, si c'était une formation naturelle, j'aurai très probablement des stalactites de glace dans mon freezer, et ce n'est bien évidemment pas le cas.



2. J'ai donc pensé à une accumulation naturelle de glace par congélation et surfusion. Je m'explique et j'essaye de mettre ça "in layman's terms", c'est à dire de le rendre compréhensible par tout un chacun... Supposons que les parois du bac à glaçons soit plus froides, initialement que l'eau que l'on met dedans. Puis que l'on place l'ensemble dans une chambre isotherme dont la température est très inférieure à 0°C, ce qui va donc provoquer un gel assez rapide de l'eau. Supposons encore que l'eau refroidisse beaucoup plus vite au contact des parois du bac à glaçon qu'au contact de l'air. Alors la partie gelée de l'eau va très logiquement progresser des bords (contre les parois du bac à glaçons) vers l'intérieur et jusqu'à la surface. Maintenant, faisons l'hypothèse classique d'un ingénieur en propulsion fusée à poudre, c'est à dire que l'épaisseur de combustible brulée est la même partout. Ici, cette hypothèse signifierait : l'épaisseur d'eau qui gèle à chaque instant dans le bac du glaçonne dépend pas de l'endroit de la paroi que l'on regarde. Allez, un petit schéma : les lignes bleues foncées correspondent à la progression de la couche de glace, lors de la "glaciation" -- on dit fusion en physique -- du futur glaçon.

"Bon, là, t'es sympa, Godet, mais bon qu'est-ce qu'on en fait de ça ?" Eh bien, il faut se rappeler que la glace prend plus de place que l'eau, significativement plus : près de 14%. Donc... je suis en train de comprimer l'eau qui est dans mon bac à glaçon et qui n'est pas encore gelée. Donc celle-ci va être poussée vers le haut et va alors s'épancher sur les côtés. A ce moment elle va geler assez rapidement puisqu'elle sera en contact avec la glace, qui est une paroi solide, au même titre que celle du bac du glaçon, on peut même gager que l'échange thermique y est meilleur. Version traduite cela signifie que l'eau va très vite geler en contact avec la paroi de glace sur laquelle elle est poussée. Schéma, encore un :
Mais là encore, pas vraiment d'explication au phénomène. Tout juste pourrait-on voir apparaitre une petite bosse au centre du bac du glaçon (et d'ailleurs c'est souvent le cas). Mais, voilà que se passe-t-il si, en raison des conditions initiales, on se retrouve avec la situation suivante : une colonne de glace plus haute que large, remplie d'eau ? Assurément le schéma précédent et mon hypothèse ne permettent pas d'arriver à une telle situation : on finirait plutôt par avoir une mince pellicule d'eau entre l'air et la glace, qui finit par geler. C'est probablement ainsi que de nombreux glaçons anonymes finissent leur vie...

Mais supposons donc que la forme du bac du glaçon et les conditions initiales, ainsi probablement qu'un bon jet de dé à la compétence "catalyse de phénomènes physiques inattendus", fasse aboutir notre problème à la situation d'une colonne d'eau enserrée de glace. Alors, la glace en gelant pousserait encore l'eau vers le haut. Celle-ci dès l'arrivée au paroi, se mettrait à couler sur le côté, et pourrait peut-être geler très rapidement (en comparaison de la vitesse à laquelle elle est poussée vers le haut). Et donc, elle pourrait geler juste sur les bords de la colonne d'eau, augmentant ainsi sa taille d'un petit quelquechose à chaque fois. Le phénomène se poursuiverait jusqu'à ce que toute l'eau de la colonne soit devenue glace et n'ait donc fait augmenter la taille de celle-ci. Un dernier schéma pour expliquer visuellement l'hypothétique phénomène.
On aurait donc une magnifique colonne de glace ! Mais voilà... cela marcherait si la glace avait une densité très faible par rapport à l'eau. Or la différence n'est que de 14%. Même à supposer que la colonne d'eau ait initialement la hauteur maximum (c'est presque le cas sur le schéma), et qu'en plus elle garde la même largeur (et que donc elle s'élève sans "grossir") on dépasse à peine les 50% d'augmentation de la taille de la colonne entre celle d'eau, initiale, et celle de glace, finale. Or sur la photo que vous voyez, celle-ci fait à peu près le double de la hauteur du bac...

On peut tout de même s'en sortir avec une hypothèse supplémentaire : le bas du bac à glaçon est, pour une raison qui nous échappe, plus chaud que le reste. La glace progresse alors des parois verticales jusqu'au centre et l'eau reste liquide sur la paroi inférieure : il se peut alors qu'il se crée une nappe d'eau au bas du glaçon en formation, nappe d'eau qui ne soit connectée à la surface que par une mince colonne d'eau. Le volume d'eau qui va pousser vers le haut est alors beaucoup plus important et peut donc atteindre la taille que l'on veut, ou presque. Tant qu'on y est, sans supposer que la paroi inférieure soit plus chaude, on peut faire l'hypothèse que la glace n'adhère pas aux parois verticales et qu'elle appuie sur l'eau qui est située en dessous d'elle. La surpression engendrée descend légèrement la température de fusion de l'eau (c'est un phénomène propre à l'eau, la quasi-totalité des autres corps purs gèlent au contraire plus facilement quand on appuie dessus). Celle-ci reste donc sous état liquide plus longtemps dessous qu'aux parois latérales. Seulement, ça commence à faire beaucoup d'hypothèses et d'arguments physiques invoqués..



3. J'ai googlé mon expérience. Je n'ai pas trouvé grand chose. Si ce n'est le fait... que ce phénomène serait toujours lié à des phénomènes paranormaux puissants. Notamment j'ai découvert la notion d'orgone et d'orgonite, bibelot fabriqué avec un peu n'importe quoi, et aux pouvoirs discrets mais puissants. Hé oui, un de ces pouvoirs est la capacité de créer, une fois sur mille j'ai l'impression, et dans des conditions expérimentales que même un ufologue remettrait en question, un... stalagmite sur un glaçon. Balèze le bestiau ! Ben, moi, héhé, j'ai tellement de mana et de magic power que rien que d'être dans la même pièce que mon frigo, beh il te les fait pousser fissa les stalagmites !

Muhahah !!!!!



Eh bien, c'est à vous chers bloggospectateurs, de décider quelle possible explication va quitter le Loft demain soir, en effet : que pensez-vous de ces diverses explications ? Et si vous en avez une autre (mais par pitié, n'invoquez plus la Bête), faites-vous plaisir !

mardi 13 juillet 2010

Le crwoissant

Ce matin, j'ai encore fait une boulette a.m./p.m. avec mon réveil et j'ai donc rushé au labo sans petit déjeuner, sur les coups de 9h30 (a.m. quand même, quand même). Je suis donc passé prendre un petit truc à grailler dans la cafétéria de mon building. Et je vois un truc qui ressemble à un croissant. Et puis y'a écrit "croissant" devant. Bien sûr je ne savais pas que c'était un crwoissant (hé oui ils comprennent pas si on prononce comme il faut "croissant") à ce moment, je pensais juste retrouver une viennoiserie familière. Je demande donc un expresso bien serré (seul moyen d'avoir un café à peu près opaque dans ce pays) et un "crwoissant" donc.

Et là, la serveuse me pose une question. C'est marrant, dans ces moments où on me pose une question que je n'attends absolument pas, mon cerveau zappe entièrement la phrase. C'est comme si on m'avait balancé de l'araméen. Je demande de répéter. Ce que j'entends n'a pas de sens. Aussi je redemande de répéter, et comme je me dis que je dois passer pour un gogol : bam la parade ultime, je prends un accent français à couper au couteau. Et là, la nana articule un peu plus, ce qui confirme ce que je croyais entendre "Plain crwoissant or chocolate crwoissant ?" (trad : Crwoissant nature ou crwoissant au chocolat ?).

"OUOH OUOH OUOH !!!!!" fait le frenchie dans sa tête. Comment donc un croissant, même un crwoissant, peut-il être au chocolat ?! Hérésie !!! Que n'avais-je donc emporté ma rapière pour châtier ces impudents coquins de travestir un si beau mets* ! Le croissant est soit nature, soit au beurre, ce dernier qualificatif signifiant alors qu'il est dangereux pour la santé à long terme, mais qu'il en vaut vachement plus la peine. Je reste donc planté là à n'oser dire grand chose pendant quelques secondes. C'est très très très très très long, je vous garantis. Pourquoi ne dis-je rien ? Parce que voilà l'image qui trotte dans ma tête :

Un croissant "nature" tel que le conçoit un Espagnol. 2,4 points taurins sur l'échelle de Daste.
(Photo prise en Espagne en 2008, par Thomas. Au passage ils avaient gagnés la Coupe d'Europe... héhé)

Et je suis en train d'évaluer si le fameux "plain crwoissant" n'est pas finalement qu'une dénomination faite pour tromper le Français naïf, et désignant en faite une patisserie aussi légère qu'une motte de beurre trempée dans la chantilly. Car je ne vois pas le crwoissant de face, mais de dos et sur un angle fermé, qui sait s'il ne déborde pas de crème ou, pire, de beurre de cacahuète au nutella** de l'autre côté !!! Piégé par la gourmandise et le mal du pays réunis, je dois faire un choix à présent car passer pour le débile de service ne reste sympa qu'un temps.

J'opte pour le "plain". On me le donne dans du "waxed paper" (papier huilé, truc que je connaissais pas avant de venir ici : étrange, américain), papier opaque, m'empêchant de voir à travers si mes pires craintes sont fondées. Je m'éloigne avec ma pitance. Revenu à mon bureau, je soulève lentement le papier, comme si cette chose aurait pu m'attaquer. Pas d'étrangeté en vue. Si ce n'est que le croissant n'en a pas la forme, plutôt celle d'une sorte de donut massif, boursoufflé et plus épais d'un côté que de l'autre (version mathématique : un tore bien gras auquel on applique une homothétie de rapport k = cos(thêta/4) + 0,5, thêta l'angle polaire) . Sous la boursouflure, justement, j'imagine les pires horreurs. Je pèse la bestiole : s'il y a quelque chose de caché à l'intérieur, y'en a pas beaucoup, ou alors ça vient d'un autre monde. J'appuie un peu dessus pour tester la consistance. J'aurais tellement aimé avoir un sismomètre de Mimoun à ce moment ! Mon voisin de bureau, un certain Mac -- son vrai prénom c'est Cooper, mais c'est pas grave -- Mac donc me voyant m'agiter devant mon crwoissant s'inquiète quelque peu pour ma santé mentale. Le garçon est prévenant :

- You sure you okay Simon ?
[T'es sûre que tout va bien Simon ?]
- I dunno...
[Chais pas.]
- You know this is to be eaten right, not so much looked at ?
[Tu sais, c'est censé se manger, hein, pas se regarder ?]
- Ahah, THAT... is what they want me to think !
[Ahah, ça... c'est qu'ils veulent que je pense !]

Ne vous inquiétez pas, Mac est habitué à ce que je fasse le con, aussi nous nous sommes bien marrés. Après lui avoir expliqué pourquoi j'observais ce crwoissant avec interrogation, je conclue qu'il va bien falloir que le mange, après tout. Mais j'hésitais... Intriguant, à quel point j'avais envie que ce crwoissant ait vraiment un goût de croissant, même approché. Peut-être un petit mal du pays insidieusement établi -- et bien à l'insu de mon plein gré -- après un mois de vie américaine ?

Le cwroissant... était un très bon croissant. Il n'en avait pas la tête, pas tellement la texture, mais en avait exactement le goût. Et cela m'a fait très plaisir ! D'ailleurs, il était au beurre.

* apparemment ce mot est invariable, j'en apprendrai décidément toujours ! Et on s'étonne que plus personne sache parler cette langue... ahem.
** oui ça existe...

dimanche 11 juillet 2010

As high as a flag on a 4th of July

[aussi haut/joyeux qu'un drapeau lors du 4 Juillet]

Il est temps de conter mon 4 Juillet boulderien. Qui ici était, pour l'occasion, appelé Ralphie's 4th of July Blast (littéralement l'explosion du 4 Juillet de Ralphie mais que l'on pourrait plutôt traduire par Le 4 Juillet bat son plein avec Ralphie). Et bien ils ne croyaient pas si bien dire les organisateurs, parce qu'on a vraiment eu droit à Ralphie's 4th of July Thunderblast... Mais d'abord regardez plutôt ce à quoi on s'attendait : un independence day de folie !

Bon, maintenant que vous avez vu à quels points ça pouvait être cool -- attendez, il devait quand même y avoir des clowns et un bison devait arpenter le terrain au galop ! -- il est temps de revenir sur Terre, grâce à Murphy, là encore... Sans plus attendre voici donc, comme il vous plaira, cette fête d'une nuit d'été, où nous partîmes trois mille; mais où par un prompt orage nous nous vîmes cinq cents en arrivant au stade à la nage (et ça rime en plus...). Beaucoup de bruit pour rien ? Ne vous inquiétez point, car tout est bien qui finit bien.*

American Shakespeare is american.
(c'est le festival de Shakespeare à Boulder en Juillet, aussi je me sens un peu théatreux...)

4 Juillet 7:30 p.m.. Au passage, c'est une vraie habitude à prendre que de ne jamais écrire des heures au delà de 12. Voir sur ma pendule écrit 9:42 actuellement, ça me fait très bizarre, je n'interprète pas tout de suite. Heureusement, mon PC lui est bien franchouillard et me réconcilie régulièrement avec le temps qui passe. Ce qui n'est pas le cas de mon radio-réveil, bien américain. Après m'être demandé 3 fois pourquoi mon réveil n'avait pas sonné le matin et pourquoi la radio s'allumait d'elle même vers 19h, je me suis décidé à prendre plus au sérieux son indicateur a.m. p.m.. Anyway...

4 Juillet 7:30 p.m. donc. Je sors pour prendre mon vélo. J'hésite un instant à prendre mon manteau en cuir bien épais. Mais les nuages font un peu la gueule, et bien que les prévisions météo -- à ce moment ! -- soient bonnes, je me dis : mieux vaut s'embarrasser que mourir de froid. Nous verrons par la suite que ce jugement était hautement judicieux. Je vélote donc jusqu'au stade que vous avez pu voir sur la vidéo. On s'entasse à l'entrée, l'arrivée de la "limousine" du héros de la soirée (Ralphie the buffalo) provoque presque une émeute. Nous rentrons finalement dans le stade. La foule est en délire.

 La limousine de la star du soir, Ralphie le bison.

Et, précisément au moment où nous passons les grilles du stade, je dis bien précisément, c'est à dire à la dizaine de secondes près, la pluie commence à tomber. Je connais bien la pluie de Boulder. Si si. Y'a un côté toulousain dans le genre "binaire" : soit il pleut pas, soit on te vide une baignoire sur la tête (ou "des chats et des chiens" comme ils disent). Mais l'autre problème de la pluie à Boulder, c'est son côté "durable", à l'instar du développement de la ville d'ailleurs. Les courageux pénètrent dans le stade pour s'installer pendant 1 petite minute avant de se rendre à la raison et de revenir se tasser à l'abri. La foule est nettement moins en délire, et c'est là où beaucoup d'américains commencèrent à regretter d'être venu (comme partout) en short. D'ailleurs, je me demande si les pantalons existent dans cette société ! J'en ai vu dans les magasins, mais je me demande si c'est pas des leurres...

"Eh bien... nous sommes... en direct... à Boulder... où il pleut... de la... choucroute..."

Mais la pluie finit par se calmer. Après une bonne heure d'attente en fait, on a même l'impression qu'elle ne tombe plus. Sortir quelques secondes à l'air libre fait alors se rendre compte qu'il pleut toujours, mais ça ressemble plus à du crachin qu'à autre chose. Avec quelques éclairs dans le ciel, et des roulements de tonnerre lointains. On - les courageux mais pas les suicidaires du début - se dit qu'on va pouvoir s'installer, mais on se fait promptement rembarrer par des policiers. L'un d'eux nous explique : "I know CPR but I don't know nothing about saving lightning-barbecued people" [en corrigeant la faute de double-négation : Je peux réanimer quelqu'un mais je ne sais rien faire pour les gens transformés en barbecue par la foudre]. En gros, le stade a des bancs entièrement en métal, a des structures en métal un peu partout, et est placé en haut d'une colline. Ils ont donc peut-être pas tort de nous laisser au chaud plutôt que de nous exposer à une électrocution générale. Nous attendons... encore... heureusement le panneau d'affichage fait de l'humour et nous pousse à chanter "Rain rain, go away, come again another day", et même si ce n'est plus vraiment la pluie qui gène, ça donne au moins quelque chose à faire...

La panneau d'affichage diffuse parfois des messages cocasses.

"Beuarh... it's okay now !" On peut finalement entrer dans le stade. Mais beaucoup ont déserté, à cause de la pluie, et la foule est bien maigre dans Folsom Field. D'où ma citation "cidesque" de ce début de post. D'ailleurs, sachez que prendre n'importe quel mot américain et lui rajouter "esque" à la fin, fait très classe. Normal ça fait français... Revenons à nos bisons. Le spectacle sera malheureusement écourté. On chante deux chansons, puis vient l'hymne national américain (ici pour les paroles). A la guitare (?!). Malheureusement pas celle de Jimmy (...). Au passage, vous pourrez voir à quoi ressemble le stade d'une Université américaine. C'est pas juste trois gradins et deux chaises en plastique... Voir la vidéo.

Après ce moment patriotique, le feu d'artifice commença. Promettant plus de 4000 fusées, ça devait envoyer du pâté, comme on dit dans le jargon supaérien, et ça l'a envoyé. Je ne peux malheureusement pas partager avec vous ce moment d'émotion, qui dura une bonne demi-heure, mais c'était assez awesome. Voilà une photo, quand même, pour le geste... C'est censé être le drapeau américain. Disons que ça aide d'avoir de l'imagination, un peu comme pour les constellations quoi... Ou alors c'est juste la roquette bleue qu'a un peu trop dévié sur la droite, qui sait ?

 The Star-Spangled Banner ou encore The Stars & Stripes, version feu d'artifice.

Et le final a été très américain. J'entends par là que ça c'est mis à péter dans tous les coins comme pas possible. Généralement un final de feu d'artifice offre un beau final. Mais là, il y avait tellement d'explosions par seconde, qu'à la place d'une multitude d'explosions l'on pouvait entendre une note très grave, très puissante et continue (grâce à l'enveloppe résultante du signal de toutes ces explosions). Ce fait prouvant par là même, qu'il y avait donc plus de 30 explosions par secondes (car 30 Hz est le seuil de mon audition dans les graves). A ceux qui ne sont pas d'accord je réponds ainsi :

[trad : "Ce chat pousse une pastèque hors d'un lac. Votre argument est invalide"]
[Explication : mème internet célèbre, parti du fait que certaines discussions internet se limitaient à des affrontements de "Ton argument est invalide" suivis d'explications qui ne tenaient pas la route, empreintes de mauvaise foi. Ainsi, chaque image relativement débile peut-être sur-titrée de cette manière : Description - "Your argument is invalid". Les plus célèbres sont le Watermelon Cat, le Sea Horse et le Nicholas Cage Bird Hair (please google them !). Les opposer à un "adversaire" peut servir à lui montrer qu'il est de mauvaise foi ou simplement à détendre l'atmosphère.]

Et voilà, ce fut le 4 Juillet à Boulder. La plupart des gens, trempés, renoncèrent à festoyer et rentrèrent chez eux, un peu tristes mais les yeux pleins du joli feu d'artifice qu'on avait eu. J'ai un très très très grand regret, nevertheless. C'est de ne pas avoir pu voir Ralphie courir comme une petite folle sur la pelouse de Folsom... Mais je sais que je la verrai bientôt... Car c'est une fille, et la 5ème de sa lignée. Si son histoire vous intéresse, documentaire en anglais sur la mascotte de CU. Donc je la verrai en tout cas bientôt, à la rentrée, qui aura lieu dans 1 mois et quelques jours maintenant. Rentrée qui fera vivre un peu Boulder, car pour l'instant, y'a un petit côté Le Fléau à la ville (que ne comprends-je Stephen King d'avoir choisi cette ville ^^).

mercredi 7 juillet 2010

Le Colorado inondé : Strasbourg déjà sous les eaux

Voilà un étrange message qui vient d'apparaitre sur mon écran de télévision. Je regardais tranquillement un nouvel épisode de Warehouse 13, et LEGALEMENT (je vois pas pourquoi je dis ça remarque...), quand tout à coup, l'image se brouille, remplacée par un écran noir striée de deux lignes blanches horizontales et le classique bruit de la mire. Durant quelques instants, je m'attends presque à entendre un "Bonjour M. Tardivel" mais non...

Par dessus le bip bien énervant de cette mire, un télétexte bien pixellisé - genre la télé en mode sans-échec quoi - m'avertit que l'Etat du Colorado va bientôt sombrer sous le déluge de Dieu. En effet, il va y avoir crue, et ce jusqu'à ce soir si j'ai bien compris. Bon, j'habite au 4ème étage, je pense que toute l'eau des glacier des Rocheuses ne suffirait pas pour me mouiller les pieds.

Mais ce qui fut très marrant, c'est l'annonce audio qui s'en est ensuivie. Je sais pas si c'est moi, ou si c'est la situation extrêmement stressante qui donnait cette impression, mais on aurait dit que l'homme qui avait enregistré ce speech était tenaillé d'une peur certaine. Je gage que c'était peut-être juste le stress du météorologue de garde qui s'est dit qu'il parlait à un Etat américain tout entier. Ou alors, l'inondation est là encore due à Cthulhu, et dans ce cas, je partage la crainte bien fondée de cet homme.

You, sir, are a c...ultist.
(trad image: "Cthulhu Président, pourquoi voter pour le moindre mal ?")


Mais tiens, tant qu'on parle de la pieuvre, un phénomène inexpliqué s'est produit chez moi hier soir. Je réside dans un Etat sec, qui serait aride même si quelques pluies diluviennes ne venaient verdir la région, avec toujours comme vous le savez toujours sur des timings murphyesques (mon arrivée, le soir du 4 Juillet (billet incoming), etc.). Bref. Je rentre chez moi, en mode blond, j'enlève mes chaussures, m'assois à ma table et je mets les pieds dans une flaque d'eau... Plusieurs hypothèses me viennent à l'esprit parmi lesquelles : "Mais qui est donc allé prendre une douche chez moi pendant que j'étais pas là ?". Mais comme il n'y a aucune trace de lutte avec le pommeau maléfique dans la salle de bain, j'écarte l'hypothèse. J'éponge tout, regarde s'il y a des fuites, au plafond, au plancher : rien. Les fenêtres étaient ouvertes mais le soleil avait brillé comme pas possible, et surtout la flaque était située au milieu de la pièce. Je n'ai pas résolu cette énigme, si quelqu'un a une idée sur la génération spontanée d'eau, qu'il en fasse donc part !

Revenons cependant à cette annonce audio. Comme je ne me souciais pas trop de cette histoire, j'en ai profité pour ranger ma vaisselle et ronger mon frein de louper quelques minutes de Warehouse 13. Surtout que c'est légal... alors on peut pas rembobiner... damned c'est dur ! Et à cette instant mon oreille, qui arrive maintenant à capter et traduire en automatique (et non à grand renfort d'effort de concentration) la langue de Shakespeare, saisit l'information suivante : "A massiv flooding starting from Strasbourg down to Denver" [trad: Une importante inondation, qui s'étend de Strasbourg à Denver].

Alors là je vous dis que je me suis mis à écouter, parce que pour tout noyer depuis l'est de la France jusqu'au milieu du Colorado, fallait faire fondre un sacré paquet de glaçons. 2012 serait-il pour 2010 ? Je vous laisse cependant découvrir la belle ville de Strasbourg... au Colorado, c'est ici.

Cela a finit par répondre, indirectement, à cette question latente qui me tarabustait depuis mon arrivée. Tous les manuels des objets qu'on achète, tous les "modes d'emploi" ou "liste des ingrédients" des produits qu'on achète ici sont rédigés en 3 langues : anglais, espagnol... et français. Souvent la traduction française (toujours à mourir de rire d'ailleurs, je prépare une compil des meilleurs) existe quand l'espagnol n'est même pas présent ! Ça vous intrigue aussi ? Laissez donc Wikipédia vous éclairer avec la fameuse Vente de la Louisiane. Ahlala... quel dommage...

Mon Dieu, les sirènes retentissent déjà... la fin est proche...

Merci à Enguerran pour cette suggestion d'illustration tout à fait appropriée !
[Trad: "J'ai vu la fin... personne n'était épargné, même pas les enfants !"]