mardi 15 juin 2010

L'épique épopée - L'effet papillon

Avant de pouvoir causer des US, il faut bien sûr s’y rendre. Et cela peut se réveler une épique épopée. Tout ça, grâce bien sûr à l’effet papillon, qui dans cette aventure révèle toute sa force. Lyrique, moi ? Non, lisez plutôt…

Tout commence à LFPG. Communément appelé Paris Charles-de-Gaulle, et très improprement, mais plus facilement, Roissy. J’arrive, flanqué du padre et de la madre (:-*), devant ma porte d’embarquement. Devraient arriver les adieux fatidiques. Sauf que, à ce moment, une personne en uniforme s’adresse à la foule d’un très discrètement poli « RECULEZ ! ». Hé oui, c’est un bagage abandonné qui va faire reculer la foule, jusqu’à une distance raisonnable si la chose avait été une bombe fabriqué par un bébé taliban. Ceci est le battement d’aile du papillon.

Et on attend ici environ 45min. Pendant ce temps, il faut bien imaginer que quasiment aucun des avions qui devaient prendre des passagers ne peut décoller. Heureusement, on avait pris de la marge (33%, classique) pour embarquer et je rentre finalement dans l’avion à peu près à l’heure, je m’installe pour mes 9h et quelques de vol. Et force est de constater que l’on reste sur le tarmac. Oui le battement d’aile du papillon a congestionné l’aéroport. Nous partons finalement avec presque 1h de retard.

Le vol est long. Et court à la fois, je me tape 4 comédies à l’eau de rose (l’une était un drame je crois, mais personnellement j’étais « mdr »). Passionnantes. J’atterris.

Je suis à Minneapolis. Et là je constate une erreur fatale. Je n’ai pas de montre… et pas non plus de portable. Et je suis donc bien emmerdé, parce que connaitre l’heure devient très important vu mon retard et le fait que je n’ai guère qu’une heure et demie pour faire ma correspondance (connection in english, ne pas essayer « correspondance » or they’ll think you’re trying to improvise some bad poetry).

Sans montre, et sachant que je me suis posé à 14h, ma connection étant à 14h20, je dis « fuck » je prendrais le suivant. Une charmante hotesse m’a d’ailleurs expliqué que les vols étaient très fréquents vers Denver. Alors que je m’attends à louper ma correspondance, on me dit « non, non, on vous attend ». Je crois à une blague : je viens en effet de passer 1/2h aux customs à leur jurer devant Dieu que je ne transportais pas de paté (prononcer « patey »). A croire qu'ils ont une phobie des français transportant du paté. Bref. Il est 14h30 mais on ne plaisante pas avec le client aux US : l’avion m’attend, ainsi que 5 autres personnes.

Donc je cours dans l’aéroport de Minneapolis. La chemise, déjà un peu marquée par la sueur d’un voyage en avion, s’imprègne alors de l’odeur agréable de la sueur caractéristique du demi-fond sprinté avec un veau en bandoullière. Cette information parait inutile ici, elle servira pour un autre billet. Je rentre dans l’avion, tout juste s’ils n’avaient pas déjà commencé le pushback lorsque je passe la porte d’embarquement.

J’ai réussi à avoir ma correspondance. L’effet papillon se serait-il dissipé ? LOL répondit l’écho.

L’avion nous a attendu, ce boulet, et malheureusement il y a des créneaux de vol, réguliers eux, qui passent avant lui. Nous décollons donc après avoir encore passé du temps sur le tarmac à écouter du Imogen Heap (ils sont hype chez Delta Airlines). Nous encaissons donc une autre 20 bonnes minutes de retard. Ce qui nous porte à un peu moins de 2h de cumulated delay.

Alors que j’explique à la personne qui est assise à côté de moi pourquoi nous étions partis avec environ 2h de retard, l’avion est en vue de Denver, et se trouve à moins de 5000 ft sol, c'est-à-dire, qu’il devrait y avoir environ 10 minutes avant l’atterrissage. Et là, le commandant de bord nous annonce qu’en raison d’un orage de « high magnitude » qui vient de se déclarer, on ne peut pas se poser à Denver pour l’instant. L’orage est juste au dessus de Denver. 10 minutes plus tôt et on aurait pu se poser.

Le papillon commence à faire son œuvre. Nous nous mettons à faire des cercles à basse altitude autour de Denver. Pendant ¾ d’heure environ. Nous nous posons finalement dans des conditions exécrables, l’avion rebondit sur la piste, dérape – bref, un atterrisage classique en DR-400. Je vais chercher mon bagage. Et là, surprise : étant donné le retard de mon premier avion, si j’ai pu personnellement prendre ma correspondance, ma valise n’a pas pu. Elle arrive par l’avion de 7:30 (pm of course). Bon, étant donné que dois être au Family Housing de Boulder avant 8:00 – car sinon je n’ai pas ma clé pour l’appart’, je demande à Delta de me le livrer dans la soirée, ce qu’ils feront vers 11:30.

J’arrive à la gare routière, je trouve une horloge 6:10. Le prochain bus pour Boulder est à 6:15. Je rush, je prends le bus, qui était heureusement en retard…

Heureusement vraiment ? Il part enfin de Denver à 6:40. Le temps moyen de trajet jusqu’à la petite bourgade du rocher est de 1h30… On débarque à Boulder à 7:48. J’ai douze minute pour trouver le Family Housing Office. Et là, drame, sur ma carte, j’ai deux possibilités. Bien sûr, pour corser l’affaire, les deux lieux sont à 1 mile l’un de l’autre. Il me faut en choisir une. Ce que je fais, inspiré par la Force.

Mais revenons à notre orage. Nous avons pu nous poser à Denver parce qu’il s’est déplacé vers le … Nord-Ouest. Je laisse le lecteur ouvrir un onglet google maps pour comprendre et rire.

Je suis donc dans la rue, il pleut des chatons par panières entières et je trimballe toujours un veau de 5kg et mon sac bourré de bouquins... mais pas de valise. Et bien sûr, j’ai laissé mon blouson dans ma valise. Je suis en chemise à 8h sous une pluie torrentielle. On se sent vivant !

Mais coupons vite le suspens. Je trouve effectivement le family housing de Boulder. Et j’y arrive à… 8pm… moins 2. Ce qui me permet de récupérer mes clés. Ô joie, hurlé-je. Je rentre dans mon appart. Je pose tout et je rentre dans ma chambre pour trouver un… matelas. Sans rien. Mais bon ça je le savais. C’est pour ça que j’ai quand même de quoi dormir… dans ma valise.

La pièce maitresse de l’effet papillon va alors s’ajuster comme la clé de voûte d’une arche d’église louant St Murphy. J’appelle en effet Delta pour leur communiquer mon adresse précise, que je n’avais alors pas. Et ils me signalent la plus marrante des choses : en raison du retard pris par mon deuxième avion, lui-même dû au retard de mon premier avion (qui décalle donc les rotations) et de cet orage incroyable, l’avion de 7:30 a été décalé de près de 4 heures ! Et la compagnie de livraison des bagages ne prend rien au-delà de 10:30.

Je me tiens devant ma chambre, téléphone à la main, devant un matelas nu, un jean et une chemise trempée sur le dos, vieux tous les deux de près de 24h.

3 commentaires:

  1. EPIC WIN mec, tu m'as fait rêver !

    I stay tuned ...

    RépondreSupprimer
  2. Tu m'as rappelé mes 17 ans et un mois lorsque j'ai débarqué à Gatwick (London airport) par une canicule d'enfer, sans carte, ni info (internet n'existait pas en 1912...)et devant me rendre au trou du cul du loup dans une banlieue londonienne bourgeoise. Et parlant l'anglais comme une fille de 17 ans qui a eu des cours de merde et a appris en écoutant les Floyd... L'effet papillon n'avait rien à voir dans l'affaire mais l'aventure et ses aléas oui. O tempore o mores...J'ai pensé à toi quand j'ai suivi en live la météo de Boulder (là je ricane) et je t'ai imaginé trempé comme une soupe froide (il y a eu une chute de 15° en 24 h !)
    Enjoy ! Kisses

    RépondreSupprimer
  3. quel début !
    s01e00
    on a hâte de connaître la suite
    bien joué ! joli épisode

    RépondreSupprimer